lle à la poitrine qui se soulève de façon irrégulière dans cet endroit pavé des pires promesses faites à même le sang. Celles qui marquent la peau de segments irréguliers, creusent des sillons dan les poitrines jusqu'à faire crever.
L'odeur du sang grapille à l'intérieur des narines de la petite prêtresse qui se niche rapidement dans une ruelle, slalome entre les carcasses de poubelles jusqu'à finalement s'arrêter à un angle -les effluves lui donnent toujours des haut-le-cœur, s'imbibe contre son corps et c'est en grimaçant la mâchoire serrée qu'elle avance toujours.
Les lieux sont propices à l'amertume et à la colère, la vanité et la violence. Des mélanges explosifs qui finiront par lui taper en plein milieu du visage si elle vagabonde trop ici.
Mais elle ne retrouve plus son chemin parmi le paysage qui se ressemble, les briques amochées et teintées d'une couleur qu'elle ne préfère pas s'obstiner à mater.
Les semelles de ses baskets claquent contre les dalles distordues sur le sol et c'est un peu par hasard qu'elle trouve une fontaine.
Sa mère le lui avait murmuré à l'oreille de suivre ceux qui t'accompagnent, sinon tu risques d'atterrir dans les lieux peu fréquentables de la ville, tu obéis.
Et un peu comme une enfant, Yolène s'est enfuit des mains qu'elle serrait plus tôt.
Elle voudrait le découvrir ce cimetière d'étoiles, ce puit plein de miracles.
Les paumes contre le marbre, Yolène s'y penche et en dépeint les pièces qui s'illuminent, aveuglent presque les rayons du soleil.




Dans les poches de son pantalon et de sa veste, elle n'a rien que des papiers, des pierres, des souvenirs qui ne sont pas les siens. Alors entre ses phalanges elle coince une ambre, lève les yeux sur la rue face à elle.
Saint Haklyone sur ses épaules, presse presse et presse pour qu'elle lâche enfin après avoir murmuré tout bas ses prières.
Mais le parfum du fer l'agresse à nouveau, les frissons font plier légèrement l'échine jusqu'aux genoux qui se cognent.
Yolène regarde autour d'elle jusqu'à qu'une voix rauque l'interpelle. Et au départ elle ne tourne pas la nuque, ne laisse pas les cervicales craquer ni ses tendons claquer.
Elle essaie de réguler le souffle qui s'expire trop brutalement des bronches, de la poitrine qui continue de se gonfler en arythmie.


Lorsque le bruit de la salive écrase en brouhaha le sol, Yolène serre brièvement les paupières et tourne le visage à l'opposée. Loin de son assaillant, les doigts qui s'enfoncent entre les creux des pierres qui décorent le puit.
C'est une cacophonie auditive ce qu'il se passe. De ses tripes qui se meurent jusqu'à son cœur qui lui hurle de déguerpir.
Un peu de courage dans les mirettes, Yolène soulève enfin son cadavre -lève la tête pour apercevoir correctement l'homme face à elle. Elle se sent minuscule et faiblarde.
Le talon martèle et la prêtresse recule d'un pas à son tour. Le regard dans le sien, s'il y a bien quelque chose que la pythie n'a jamais eu peur de faire, c'est de s'insurger dans les miroirs des âmes.


eulement elle a les phalanges qui se crispent, qui se serrent et se desserrent, craintive de se faire sauter au cou, de se voir arracher les jugulaires d'une façon dont les frémissements lui donneront la nausée jusqu'à en crever.
Petite prêtresse voudrait lui beugler que ce n'est ni une gamine, ni un de ces salopards. C'est Yolène et n'a rien à faire avec lui, lui non plus. Qu'il est un peu vieux, pour chercher des noises à celle qu'il considère comme une enfant.


Brute et sèche, Yolène contracte finalement les poings et lui tourne le dos -la situation lui glace encore plus le sang, elle accélère et saute les marches deux à deux, manque de glisser.
Il n'y a rien autour si ce n'est le silence et pourtant, c'est assourdissant, le cœur qui tabasse dans les oreilles, les poumons qui renvoient l'air trop férocement.
C'est à voix basse que Yolène implore Haklyone de lui montrer un signe, une bonne étoile pour la guider loin des chemins de sang, des sentiers qui ne préservent pour elle que les tombeaux, loin des cimetières astrales.

'animosité du prédateur ébullitionne la petite proie qui essaie d'ignorer les mots rauques à ses oreilles, violents et acerbes. Indirectement, manie enfantine qu'elle a gardé du haut de ses six ans, Yolène plaque ses paumes contre ses oreilles, ne cesse de regarder droit devant elle, jamais en bas.
Elle n'entend rien que des fragments d'échos qui traversent la poitrine, transpercent et blessent. Oui oui oui, elle entend tout Yolène mais elle refuse d'écouter.
Petite prêtresse a toujours cru que rien ni personne ne lui ferait tordre cheville à s'en casser la figure, pourtant il faut croire que les chérubins des enfers sont revenus sur terre pour lui en faire baver.
C'est terrible de sentir les genoux flancher lorsque la petite prêtresse essaie d'accélérer le pas, de tourner dans une autre direction.
Et ça aurait pu se terminer dans la ruelle plus loin mais Sainte Haklyone a quitté son nichoir, s'est élevée entre les étoiles, a souffler au creux de son cou
qu'il faudra bien un jour que tu affrontes tes peurs
que ignorer le danger
ce n'est que le retarder
jusqu'à se faire calciner
pour mourir comme un lâche.
La main rêche se calque sur la jointure de l'épaule et par réflexe, Yolène frappe, enfonce ses ongles au plus profond de la chair et c'est contre sa poitrine qu'elle retrouve sa place.
Le pourpre du cœur à l'extérieur, sa main droite doit tenir fermement le poignet gauche pour ne plus trembler après l'avoir blessé -elle voudrait lui murmurer que ce n'était pas volontaire, promis mais la gorge est désertique, les mots se sont enfuis malgré toutes les vagues qui détonnent là-dedans.


Elle peut les entendre, les milles et un coups qui tambourinent contre son torse -elle se demande si lui aussi, l'entend, le cœur qui  panique et la façon dont elle ravale difficilement sa salive, qu'elle bloque au milieu de l'œsophage, comme si c'était le mouvement de s'étouffer dans sa propre salive.
Yolène baisse quelques secondes les yeux contre les ongles bordeaux, grimace à peine et pourtant, le sang ne lui inspire rien d'autre que le dégoût, l'envie de vite se frotter sous la douche, de gratter son épaule jusqu'à que l'odeur disparaisse, de se brûler la peau pour se débarrasser des effluves vicieuses qui pervertiront le temple si il y pénètre.
Yolène se moque bien de ses dires, ses yeux cherchent une sortie -qu'importe soit elle. Son gabarit de rongeur lui permettrait de se faufiler là où elle le désire, loin des mains ingrates de ce sale type.
Et il déblatère des inepties en continue, comme si se taire était un sacrilège et qu'il était obligé d'en vomir, des choses abominables.
Alors Yolène cette fois-ci le regarde, les sourcils froncés, les traits tirés et le détaille du bas vers le haut -cet air méprisant, fille altière dans ses souliers qu'on ne suspecte pas.
Mais c'est vrai qu'il arrive, que parfois, les incultes qui hurlent des calomnies pour lui tordre le cou, ça ne lui fait ni chaud ni froid et Yolène, elle voit enfin qui est cet homme.






Yolène se délecte de ses mots et recule cependant de quelques pas. Elle a l'audace et la franchise -mais peut-être pas la témérité pour parvenir jusqu'au bout, que sous le glas de ses mains poignantes, Yolène n'entendra plus que le charivari de sa poitrine, en oubliera le tintamarre au creux de son ventre.
Le chahut qui hurle à la colère et à la rage.
Qui lui répète de relever la tête et d'être courageuse.


'est acide le long du gosier, elle doit serrer la mâchoire pour ravaler les regrets et dissimuler la peur sous ses vêtements trop larges pour sa carrure longiligne.
Elle voudrait le lui cracher au visage, qu'elle n'en a rien à faire de ses avis, qu'il n'est rien rien rien et qu'il crèvera comme un moins que rien. Mais ce serait peut-être tendre le cou pour qu'il y accroche les crocs.
Yolène souffle, essaie de reprendre un souffle, puis deux mais le carnassier est sombre, il à l'âme pénible et l'aura pestilentielle.
La petite prêtresse à l'âme criarde tourne autour du prédateur, pas très vite, elle ne cesse de le fixer, le nez qui se fronce, les mains qui viennent se glisser contre le bas de ses reins.
Instinct naturel qui lui murmure de se sauver, le plus rapidement. Qu'il n'y verra rien. Mais Yolène elle hésite, alors elle marche marche et marche.


Lorsque le bout de sa chaussure cogne une marche et qu'elle manque de glisser, Yolène halète. Elle halète trop fort qu'elle doit ouvrir la bouche, serrer la mâchoire et fixe la ruelle qu'elle avait repéré depuis le départ. Et puis merde.
Petite prêtresse s'écarte et s'éloigne, elle essaie de courir mais ses réflexes sont pitoyables à Yolène. Malgré les années d'entraînements, c'est comme si tout à coup son corps n'était pas le sien, qu'elle baignait au beau milieu d'un cadavre qui n'était pas le sien.

embable à Icare, aussi proche du Soleil pour s'en brûler les aîles et s'écraser au plus bas, entre les abysses. Ne pouvoir se vanter qu'à soi d'avoir affronter Goliath et d'avoir pourtant perdu, entre les rues miséreuses de la ville, là où le sang se mêle à l'odeur rance des aigreurs.
Désiré l'attrape par les mèches blondes et les mots glissent contre les gouttes de pluie sur son épiderme, Yolène renifle et s'arrête.
Petite proie toujours terrifiée a décidé de laisser la peur consumer les entrailles dans le silence, Yolène voudrait le lui glisser contre la peau empereur de pacotille oui et oui, veut enseigner la bienséance quand lui-même n'est rien qu'imposteur.
Pourtant la petite prêtresse dresse correctement l'échine et laisse craquer les lombaires dans ce silence mortuaire qui s'étend un peu plus, lève le regard azuré vers l'ambré martelant du sien.






Yolène se marre légèrement mais perd rapidement ce sourire au coin des lèvres, elle s'écarte pour revenir vers le puit, les paumes qui s'allongent contre les pierres, elle essaie de reprendre un souffle correct, ses esprits.
Petite prêtresse n'a jamais rien eu de terrible pour les incultes, libre à eux de croire en des forces plus puissantes que sa Sainte, moins cosmique.
Elle, elle est prête à la célébrer jusqu'à s'en amenuiser les rotules, ne plus pouvoir danser lors des cérémonies.
Puis elle plisse les paupières, bat des cils et tourne la tête vers lui -soulève à peine la nuque pour pouvoir l'apercevoir complètement.




L'éthérée termine ses mots en murmurant, le regard fuyant et revient observer les pièces au fond de l'eau, là où le reflet miroite et renvoie toute l'horreur de cette vie.
Yolène doit soulever sa carcasse comme si le puma l'avait déjà rué de coups, que c'était trop difficile de pouvoir se mouvoir comme un être lambda, que petite prêtresse avait les fils déjà usés au dessus des éclanches.
Les marches claquent contre la semelle en cuir, les doigts se calquent les uns contre les autres et elle regarde partout -prête attention à tous les détails qu'elle peut voir jusqu'aux griffures sur l'avant-bras du prédateur, elle voudrait le lui dire pardon, je n'ai pas fait exprès, promis, je n'aurais jamais voulu faire ça, non non mais ce serait mentir, petite prêtresse ne peut pas. Vice maudit dont elle n'arrivera jamais à s'éprendre, qu'elle aimerait pourtant, cracher des mensonges sur les mâchoires jusqu'à que leur épiderme s'effrite, s'écorche, saigne.


Petite prêtresse lui jette un bref regard avant de regarder ses propres habits dont les petites gouttes se sont logées contre elle aussi, imprégnées, veulent rappeler la pénibilité de ce jour terrible.

n peu plus courageuse qu'il y a quelques minutes, un peu plus effrontée, Yolène soulève les perles de la nuit sur l'épave terrifiante en face d'elle et serre la pierre entre ses doigts.
Rien de bon sur sa gueule de Cerbère, uniquement les pestilences des enfers, effluves abruptes qui empestent jusque dans ses narines et qui pourraient faire pourrir la moindre pensée un peu sacrée et sur sa gueule, se dessine les augustes de ses travers.
Oui oui oui, Désiré affreusement accablant, le grand dadais lui ferait presque pitié à l'instant.
Petite proie a toujours les jambes qui flagellent et menacent de s'écrouler, pourtant elle se tient droit, les reins robustes et les doigts prêts à fendre encore sa chair.





Petite prêtresse à la gorge serrée, colère qui macère prête à lui vomir sur les pieds, le brûler de ses démons et qu'à son tour, se consume avec elle dans les méandres de son esprit, qu'il comprenne. Même si ça semble compliqué, pour un type avec la caboche aussi étriqué.
Le sourire qui se soulève de façon acerbe sur son visage et Yolène le regarde, reste de marbre sous les menaces et les coups. Flanche légèrement lorsque le club fend l'air.




Yolène à les yeux furieux, des voix qui retentissent au loin et la prêtresse pivote sur les pieds, halète légèrement et s'éloigne rapidement, se retourne finalement.
Elle repense aux gamins qui trébuchent devant le temple, fait comme eux. Soulève son majeur en sa direction et s'échappe pour rejoindre les fidèles et sa mère.
Elle peut déjà sentir les regrets ternir sa chair, le futur qui se lit à ses mains -Haklyone qui murmure à son épaule que tout aura des conséquences.