Sourcils froncés, Maxine fixe inlassablement la fenêtre. Encore et encore comme si celle-ci pouvait répondre aux moindres de ses désirs.
Mais les fenêtres ne parlent pas, ne pensent pas et de vont certainement pas régler les problèmes d’une jeune femme furieuse d’avoir encore une fois été laissée de côté – mais c’est apparemment là l’histoire de sa vie.
Oh Maxine chérie soyons les meilleures sœurs du monde, je t’offre mon cœur en entrée et mon amour en dessert.
Maxine vomirait volontiers derrière les buissons.
Tatiana est une menteuse et la pie se sentait finalement bien plus heureuse lorsqu’elle était encore fille unique.
Maman, il fallait penser à l’avortement.
Et qui est donc cette ado qu’elle a aperçu dans les vieux magazines après avoir fouillé pour trouver la vérité ? Deux âmes pfff elle ne doit pas être très bien futée pour avoir besoin de tout ça. Alternante dans les labos, aaah Maxine rirait volontiers si elle savait encore comment faire. Pistonnée par les scientifiques de sa Maison probablement. De leur Maison.
Et elle ? Et Maxine alors ? On la range dans une boite, on la laisse là dans un coin en attendant la majorité et on fait semblant d’avoir oublié. Maxine aurait bien aimé qu’on l’aide à poursuivre ses études (qu’on lui fasse ouvrir ses yeux plissés de vengeance), qu’on lui trace un chemin, qu’on lui offre un sourire.
Tant pis, elle ne leur sourira pas non plus. Pour la peine, elle sera terrible, terrible, terrible.  

Bon, puisqu’il faut y aller.
La petite protégée de Tatiana – la sœur a apparemment trouvé mieux qu’elle, pas étonnant qu’elle ne lui ouvra jamais grand sa porte et ne veuille pas l’avoir dans ses pattes – doit maintenant être seule.
Seule au monde peut-être ? Ah non, Maxine secoue la tête. La solitude c’est pour elle.
Maxine dans son jean un peu troué au genoux, Maxine dans son grand sweat à capuche sombre qu’elle rabat sur sa tête et ses cheveux grossièrement noués. Maxine qui remonte ses manches, grimpe sur une rambarde, s’accroche au tuyau, grogne sous l’effort et parvient à se hisser au niveau de la petite fenêtre grande ouverte.
Passer par la grande porte ? On ne veut pas d’elle ici, il faut un badge apparemment, il faut être quelqu’un d’important apparemment. Tant pis, la pie fera comme les plus grands cambrioleurs de l’histoire. Passer par la fenêtre dans la discrétion la plus totale. Elle sourit toute seule rien qu’en y pensant.
La tête passe, le buste aussi tandis que les jambes gigotent dans l’air, encore dehors. La fenêtre est un peu petite, Maxine n’est pourtant pas bien grosse. Elle fronce le nez, force encore un peu sur ses bras pour tenter de faire passer ses fesses par l’ouverture.
Hors de question qu’elle reste coincée. Hors de question que quelqu’un la voit comme ça, à moitié bloquée.

Après un ultime effort, le reste du corps passe et Maxine bascule la tête en avant, s’écrase contre le carrelage. Fait un roulé-boulé pour la forme (une technique de super-héros pour atterrir avec classe dans la plus mauvaise des situations) mais se cogne la tête contre le lavabo dans un bruit retentissant.
Le lavabo ? Maxine grimace de douleur, fait la gueule mais se reprend. Passer par les toilettes est une technique comme une autre.
Et personne ne l’a vu faire, elle est décidemment en constante amélioration. Tout en discrétion.
Se relevant immédiatement et époussetant son jean pour la forme, elle ouvre la porte des toilettes, s’engage dans les couloirs et passe la tête dans toutes les salles de labo qu’elle croise.
Pas là.
Pas là non plus.
Oh ! … Pas là.

Tout est vide, c’est la fin de la journée et Maxine a un tête-à-tête à offrir à cette Primerose Harken qui semble en tous points bien mieux qu’elle.
Ah ! La voilà, comme sur les photos. Avec cette tignasse noire et des yeux étrange qu’elle n’aperçoit pas encore. Petite et mince, pas vraiment ce qu’elle imaginait. Occupée sur une paillasse, l’alternante n’a probablement pas encore remarqué la pie qui s’avance encore un peu jusqu’à se retrouver dans son dos.
Se penche un peu,
hurle à son oreille.

« Bouh ! »

Ça marche à chaque fois.