Maxine bras croisés comme une statue de marbre, menton relevé par fierté, elle jauge l’homme qui lui fait face dans un rictus moqueur. Elle n’est pas très fière Maxine, pas très fière de s’être fait prendre, d’avoir sous-estimé la vigilance du garde à l’entrée. Elle s’insulte en pensée, se traite de tous les noms ;
Maxine idiote
Maxine naïve
Maxine dans le pétrin.
Y avait-il des caméras de surveillances ? Elle n’en sait rien elle n’a pas cherché à savoir, la petite montre argentée lui a tapé dans l’œil alors elle l’a mise discrètement dans sa poche.
Et puis la jolie figurine en forme de scarabée toute dorée, elle en avait l’eau à la bouche rien que d’imaginer l’animal croustiller dans son bec. Alors dans la poche lui aussi.
Mais ah le scarabée se sent seul et pour ne pas faire de jaloux la pie a emprunté le porté clé lapin tout pailleté, elle l’avait remarqué à l’entrée. De quoi agrandir sa collection déjà bien conséquente d’objet sans aucune valeur mais ô combien délicieuse à regarder. La montre valait cher apparemment, la voleuse (l’emprunteuse !) n’a pas regardé le prix.
Et puis c’est beau personne ne regarde alors c’est gratuit. Belle philosophie de vie.

Mais voilà on lui attrape le bras, on l’engueule. Comment pouvait-elle savoir que le vigile avait les yeux du rapace ? Mange-t-il des pies au petit déjeuné ? Oh Maxine flippe un peu et se tord les mains dans le dos pour que personne ne les voit, ses trésors tout au fond des poches.
Il l’a vu attraper la montre, elle lui a donc rendu, la mort dans l’âme, des petites larmes de crocodiles prêtent à couler.
Mais voilà il est certain qu’elle a dérobé plus et Maxine n’est pas prête à se séparer du scarabée ni de son tout nouveau meilleur ami le lapin. Alors voilà Maxine toute fière et toute honteuse, se demandant s’il vaut mieux courir, prendre la fuite. Or de question de s’envoler et d’abandonner son vieux jeans, son sweat à capuche rempli de beaux petits larcins et ses papiers d’identité calés dans une poche.
Alors comme à son habitude Maxine ferme sa gueule à défaut de faire la gueule.

Une milicienne se ramène et la pie se maudit en silence, rentre un peu la tête dans les épaules.
Oh si elle disparaissait là tout simplement, ne serait-ce pas le plus beau jour de sa vie ?
Mais non non non voilà la brune menottée à la blonde et c’est là la pire de ces journées.
Toujours pas un mot, elle préfère mourir avec panache.
Obéissant avec réticence, Maxine n’a aucune envie de se faire interroger par la Milice, encore moins par une gamine qui sent le chien mouillé.

S’asseyant sur sa chaise, Maxine se recule le plus loin possible du vendeur, l’observant d’un œil méchant qu’il lui rend bien avant de prendre la parole.

« Cette gamine m’a volé une montre ! » Il la sort de sa poche, l’agite devant son nez et Maxine lève les yeux au ciel. De loin, elle n’est plus si brillante finalement.« Et je suis certain qu’elle cache autre chose dans ses poches, je l’ai vu fureter dans tous les rayons ! »

Maxine en a marre, Maxine ouvre la bouche en crachant ses mots avant que l’autre n’ait terminé.

« Je t’ai rendu ta montre maintenant fou moi la paix ! J’ai oublié que je l’avais dans la poche voilà tout. Je ne comptais pas partir sans payer, connard. »

Maxine aime bien mentir, c’est un jeu comme un autre, un art comme un autre. Les sourcils froncés par la colère, elle retourne son attention sur la milicienne.

« C’est n’importe quoi, venir au poste juste pour une montre. Je peux partir Madame ? Ce type est juste paranoïaque. »

La pie se renfonce sur sa chaise, croise les bras et tire la gueule.

Maxine croise les bras, fronce son petit nez. Hors de question qu’un vulgaire marchand réussis à la faire arrêter pour vol. La prison ? beurk ça avait tout l’air d’être horrible, hors de question que la pie y mette les pieds. Regard noir pour l’homme assis non loin d’elle. Regard noir pour ses menottes qui s’entrechoquent sur ses genoux. Regard noir pour la milicienne qui ne fait pourtant que son travail.

Maxine se fige une seconde, regard fixé sur le sac apparu comme par magie. Un peu d’honnêteté ? La voleuse offre son sourire le plus innocent.

« Voyons je n’ai jamais été aussi honnête de toute ma vie. »

Elle pourrait presque battre des cils mais finit par reporter son attention sur le marchand qui n’avait apparemment pas finit de râler. Maxine écoute, attentive à la moindre faiblesse, laisse son regard passer de l’un à l’autre. Milicienne, marchand. Marchand, milicienne. Oh le pauvre homme n’avait décidemment aucune chance, la petite femme blonde avait du répondant et connaissait son métier, chose que la voleuse aurait volontiers apprécié s’il ne consistait pas à la mettre elle derrière les barreaux. Néanmoins la pie repense aux paroles. Un pardon pour avouer avoir péché ? Repartir avec un simple avertissement ? Lueur d’hésitation dans les yeux verts de l’héritière déchue avant qu’elle ne se rattrape. Hors de question d’avouer.
Hors de question de se laisser mener par le bout du nez.

Haussement d’épaule, elle regarde le petit sac sans rien y mettre dedans. Tire la langue au marchand quand la femme a le dos tourné, occupée à le remettre ne place.
Pffeu, tout ça pour des petites babioles jolies mais inutiles.
Elle papillonne pourtant un peu des cils, lance au beau sourire à la milicienne.

« Vous êtes ma sauveuse ! » Elle se penche un peu, l’air de vouloir mettre l’autre dans la confidence mais chuchotant bien assez fort pour que tous entendent. « Est-ce que je peux demander une mesure d’éloignement ? Ce n’est pas la première fois que cet homme me harcèle vous savez… je le sens bien me suivre du regard dès que je rentre dans sa boutique… »

Elle se tord les mains nerveusement, espérant ne pas trop surjouer la jeune femme apeurée.