Il est midi.
Le soleil, transperçant et blanc, a éclaté les rondes matinales des jardiniers, à leur ceinture une cisaille argentée, au sein du domaine Chanteloup. Le houx y dessine des liserés, la marche à suivre en pointillés, de l’Est au Sud et rend impossible de parfaitement se perdre. Désiré. Pourtant. N’est pas venu flatter son orgueil en admirant les jardins. Il avait, ce matin, une inauguration d’un ordre à orchestrer. C’est une idée qu’il avait de nuit, infesté de songes désagréable, et qu’il lui fallait à tout prix concrétiser en l’an 2100 pour faire figurer sur sa biographie qu’il songe, aussi de plus en plus sérieusement, à consigner. Quelque chose de succinct et intense. Pour Hector. Pour Solal. Pour Maxine. Pour les êtres qui lui survivront, moins que les doigts de la main d’un lépreux, et feront vivre son histoire, un conte sanglant, près des cheminées qu’on allume à Arc-en-Terre.

Désiré, dès-potron-minet, est venu guetter l’aurore de son minigolf.
Il dit le mien parce qu’il ne veut pas dire que c’est pour Solal et sa marmaille,
qu’il lui coûterait de le concéder ;
et quon serait mal à l’aise de l’entendre verser dans
le bien, le caritatif, la générosité
Des gros mots associés à son patronyme, une blague méchante.

C’est l’ancienne serre, le pollen lui a toujours été intolérable, où il a fait brûler les iris, les géraniums, les passiflores et même le dernier pissenlit pour ne garder que la cloison de verre cristal. L’espace est soutenu par une armature en fer, noir obsidienne et les pieds forment des rosaces folles qui s’enfoncent dans le sol, et possède une hauteur sous plafond de près de six mètres qui concilient un immense espace ouvert, désormais vallonnées de trous plastifiés, et de petites alcôves où il a fait installer des bars d’appoint et quelques parcours excentriques. Désiré, qui voulait bien faire, à veiller à ce qu’on modernise le jeu en y intégrant des hippopotames factices qui ouvre et ferme la gueule et une cascade pour dissimuler l’arrivée finale.

Il accueille Solal et son fils, Noah les yeux sauvages, en maître des lieux, incarne son rôle à la perfection. Devant son beau-fils, Désiré ne joue pas les amants acariâtres ou les tueurs avines, il fait le bon directeur d’hôtel, tend les clubs un par un et indique pour le balancier des hanches ou la précision du tournant. Il veut, Désiré, faire bonne impression à Solal étouffer la nervosité d’avoir un public.

Messieurs ! Les paumes se sont écrasées l’un sur l’autre, un son qui brise toute la distraction d’un moment familial, et, une queue invisible battant l’air, le fauve glisse dans les doigts de Noah des ciseaux  de cérémonie, dorée avec de grandes boucles pour y loger les doigts. Noah, si tu veux bien inaugurer le mini-golf. On pourra commencer la vraie partie ! Derrière-eux quelques domestiques se tiennent derrière un mange debout drapé d’une nappe blanche pour ouvrir une bouteille de rouge Palatine et un jus de pomme pétillant. Désiré recule d’un pas, son œil sur Solal est complice, pour se rapproche de l’Abberline.

Depuis le temps que ça me démangeait.Clin d’œil, il chuchote à présent penché plus près de l’oreille du guépard. Si j’apprends à toute ma clientèle à se servir correctement d’un club on va infliger une sacrée correction à l’invasion humaine non ? mi joueur mais pas vraiment, Désiré, il en pense qu’à ça ces derniers temps.