- Eh ! Je te ferais dire que j’suis pas une poupée ! Je m’habille comme je veux, que ça me fasse rentrer en boîte ou non. Puis franchement, vu le prix de l’entrée et des consos, je préfère ne pas aller là-bas. Y’a plein d’autres endroits pour draguer, qui me coûtent moins cher et où je peux être moi-même. Si je veux juste pécho, j’ai les applications de rencontre qui me prennent bien moins de temps, d’argent et où j’ai pas à me faire chier avec mon style vestimentaire. Dans le pire des cas, si ça plaît pas à la personne en face, elle me déshabille et hop, plus de problème.

Thaïs te faisait rire un peu jaune, des fois. Elle qui te bassinait avec le fait qu’il fallait rester soi-même, être honnête avec les autres… Bah c’était que quand ça l’arrangeait. Quand il lui fallait quelqu’un pour l’accompagner en boîte, bizarrement il fallait que tu sois assez présentable pour rentrer au risque de ne pas être toi-même. Puis franchement, entre l’application de rencontre et la boîte de nuit, c’était du pareil au même niveau romantisme. Tu étais même sûr que plus de gens restaient ensemble avec l’application qu’après une rencontre en boîte. L’application, tu pouvais parler un peu avant, alors qu’en boîte de nuit, vu la musique, si tu savais le prénom de la personne qui se déhanchait contre toi, c’était un exploit. En tout cas, quand Thaïs te dit que tu étais trop sensible pour manger ses pizzas, tu levas les yeux au ciel.

- Je te ferais dire que je n’ai jamais critiqué le niveau de piment de tout ce que tu cuisines. C’est Basil qui a un palais de faible. Moi, je t’ai juste dit qu’il était hors de question que je mange une pizza avec des petits poissons dégueu dessus. J’arrive pas à croire que tu confonds les hommes, Thaïs.

C’est sur ces belles paroles que tu partis vers le frigo, chercher des bières, pendant qu’elle cherchait quoi voir sur la télévision… Heureusement qu’elle te laissait squatter son compte de vidéo à la demande, sinon tu ne l’allumerais jamais cette pauvre télé. Pourquoi ne diffusaient-ils que des émissions pour vieux et des pubs, franchement ? Finalement, quand tu revins avec les bières, tu récupéras la zapette mais aussi le rôle fort important de trouver un programme à regarder ce soir, pendant qu’elle commandait la bouffe. Tu lui laissas choisir, après son coup de fil, quel film lui convenait le mieux, ricanant un peu de sa vive réaction quand tu lui reproposas un film qu’elle avait détesté.

- Si tu veux, je peux te les chanter les chansons, pour que tu les aies encore en tête pendant trois jours sans avoir à regarder le film~

Vu ton sourire taquin, on ne se serait pas douté que toi aussi, tu avais subi pendant presque une semaine ces atrocités musicales tournant en boucle dans ton esprit. Mais faire chier la grosse belette, ça n’avait pas de prix.

- C’est parce que tu commandes des pizzas dans ton beau quartier qu’ils ont peur de les livrer ici. Tous les gens sont pas aussi aventureux que toi, tu sais, y’en a plein qui mettent jamais un pied à Brise-Cœur, surtout quand ils ont la thune d’habiter ailleurs.

Des fois, c’était un peu chiant, genre quand Thaïs commandait des pizzas et qu’ils faisaient chier pour la livraison, mais c’était aussi un avantage que Brise-Cœur fasse peur, parfois. Dans ton travail par exemple, si on avait accepté de te garder même si tu secouais parfois un peu trop les colis, c’est parce que tu n’avais pas peur de faire des livraisons dans le quartier, vu que tu y étais chez toi. Tu espérais que le livreur de pizza ne vous ferait pas faux-bond, en tout cas, alors que Thaïs lançait le film. Ce n’était pas passionnant niveau histoire, mais les techniques d’animation étaient grave belles donc ça te convenait. Ça te permettait de faire autre chose en regardant la télévision… Comme allumer Pinder sur ton téléphone, par exemple.