Au tombeau l'encens
à la mort la plénitude
de nouveaux temps
et son sourire entre béatitude
et malice
qui va et vient entre les mots abandonnées
les petites statuettes muettes
son sourire en prémisse
avant le frisson de ses mots
de cette langue si douce si pied sous terre
qui chuchote à peine dans l'air confis
du parfum du sacré
Qu'il est doux Jack
lorsqu'il se prend au jeu
car rien de tout ça n'est bien sérieux
pour lui c'est une belle farandole
une myriade qui vient voir les blanches-neiges
si bien traitées si bien enfouies
que si on pouvait vraiment les voir
on en ressortirait ravie
Il donne le ton
tout de noir et fausses canines
il donne les mots
des proies malléables
il n'y a, nuls prédateurs dans les pleurs
lui y préfère les sourires car que faire
si même ceux en première ligne n'y croient plus ?
Oui il faut bien croire, pour que les grands yeux de trop abreuvés
puissent s'élever sous le soleil
froid et doux, sans vent aucun
C'est un quotidien qui se trame et se fil
une habitude que l'on raconte dans les glaces
comme faire un nœud, aux chaussures, à la cravate, aux paquets cadeaux,
avec moult attention, avec une certaine précision
l'on tisse l'on plie, l'on enroule l'on serre, il y imagine toujours
le nœud coulant, celui qui manque inlassablement à l'appel,
celui qu'il traite en poète, car n'y a-t-il rien de plus beau qu'une mort décidée ?
Il a toujours aimé les tombeaux de ses damnés.
Mais alors qu'il parcourt les couloirs,
te voir,
surprise tu dis
il ne s'est pas encore annoncé
le reconnais-tu au son de sa démarche ?
son sourire fait-il un bruit particulier ?
peut-être que c'est cela, d'entendre l'amitié.
Son regard est attiré par le panier
il n'est plus l'heure pourtant
mais à ta mine (bien que radieuse) dans laquelle il lit
un semblant de fatigue
il devine que le trajet n'a pas été de tout repos.
Et Jack ne s'en veut pas, il sait pourquoi, il croit savoir
ce qui t'amène à te plonger dans ses ténèbres quotidiens,
et au lieu de s'en vouloir il est heureux
qu'il aime les grandes attention Jack, se sentir important !
savoir qu'on remuera eau et terre pour lui, oui il aime ce qu'il lit
dans ta voix dans ce petit panier, un peu tard, mais tissé d'attention.
Alors, il vient t'en débarrasser, avec précaution, et sa voix mielleuse mais toujours secrète, monte sous le haut plafond.
Philippe dire que j'attendais une lettre...mais ta visite est d'autant plus merveilleuse, tu voulais que l'on mange ensemble ? le voyage n'a pas été trop long ? allons dans les coulisses on y sera plus tranquille, à moins que tu imaginais la collation sous un grand arbre aux abords de la crypte, c'est vrai qu'il fait bon en ce moment...attend ici je vais prévenir mes collègues...Et, emparé du panier, sa main caressant la tienne avant de te laisser là, il s'en va happer ses camarades, bien sûr Philippe tu n'es pas n'importe qui, alors on n'hausse pas de sourcils lorsqu'il dit devoir prendre une pause en plus de sa pause, il y a dans ta stature, et dans ton grade surtout, une certaine révérence qui émane de ta capuche, de ta longue robe. On te reconnait et bientôt voilà d'autre embaumeureses qui viennent te saluer, s'inquiéter du voyage, êtes-vous venu seul ? beaucoup de respect surtout et Jack qui vient passer une main sur ton épaule, puis l'autre, il échappe un rire mutin et feulerait presque, avec beaucoup de joyeuseté, pour te garder hors de leurs mains.
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