haklyone
You do not have a soul. You are a soul, you have a body.
Ferventes affinités (Joan)



 
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Ferventes affinités (Joan)
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Mer 17 Mai - 18:41
ferventes affinitésFT. Joan
C’est un soir de mai caressé par une brise tiède qui vient adoucir le bourdonnement incessant du centre-ville. Rose ressent cette journée comme l’ascension d’une falaise escarpée, avec à son pied une réunion de travail interminable, suivie d’un passage difficile par le pavillon familial, ponctué d’embûches telles que les sourires tendres de ses parents et les subtiles allusions à sa vie sentimentale. Avant de partir, elle se faufile dans la chambre de sa grand-mère à laquelle personne n’a touché, s’allonge sur son lit. Elle reste de longs moments à fixer un heurt dans le mur causé par un de ses nombreux excès de vitalité enfantine. Elle serre les poings pour ne pas lui offrir un jumeau.

Les embrassades durent longtemps ; elle devra prendre la dernière navette pour rentrer à Lunapolis. L’attente est une contrariété supplémentaire, une autre étiquette qui gratte dans un pull où elles sont cousues par dizaines. Saisie d’une énergie nerveuse, elle se met à courir aussi vite que ses foulées puissantes l’autorisent, dépassant maisons et parcs et commerces jusqu’à retrouver le temple de son enfance, l’aire de jeu qu’elle partageait avec les gamins des environs. Elle jouait sur ces marches et se moquait des fidèles venus prier, leurs expressions solennelles, leurs regards désapprobateurs. Sa seule religion, le sang qui battait dans ses veines et qui colorait de rouge ses paumes ou le nez d’un imbécile.

Elle est revenue quelques fois, sueur perlant à ses tempes, craignant que sa présence ici révèle son secret, mais la poitrine inondée de soleil, de cette sensation d’avoir compris, d’avoir été choisie.

Le souffle court, ses pas la guident à l’intérieur et le silence ambiant lui garantit l’anonymat : elle s’agenouille pour prier à l’Âme, le sourire aux lèvres tandis que les souvenirs déferlent, la nuque toujours raidie par les responsabilités, la peur d’échouer. Derrière ses paupières, les images pieuses et le visage de Melissandre se transforment, l’air est lourd, les lumières aveuglantes, la foule surexcitée, les coups portés, le goût métallique et cramoisi…

Un bruit à sa droite la prend par surprise et elle tombe à la renverse, froissant son costume, cravate rayée balancée par-dessus son épaule. La pierre est froide sous ses mains fiévreuses. Elle tente de regagner son sang-froid, passe une main dans ses cheveux sombres et laisse échapper un rire grave gêné.

« Excusez-moi, je pensais être seule. Vous m’avez surprise. » Elle se relève et s’époussète, espérant donner l'impression d'un calme olympien alors que son coeur bat la chamade. « Vous êtes là depuis longtemps ? J’étais perdue dans mes pensées. »
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Ven 19 Mai - 15:45
ferventes affinités
La fin de journée est difficile à porter, les maigres épaules du serpent viennent la faire vaciller : il a fallu courir après les jolies poupées, après les charmantes danseuses pour leur faire essayer tour à tour les plus jolis costumes pour l’un des prochains ballets déjà programmé. Joan épie les détails pour les supprimer, elle corrige les failles que l’humanité a niché dans les drapés entre les coups de main. La perfection n'a pas de fin, alors elle traîne un peu tardivement dans l’atelier, mais les doigts finissent nerveusement par trembler et elle préfère s’abstenir plutôt que de risquer de gâcher.

La costumière finit par quitter les rats de l’opéra pour rejoindre les piliers religieux qui gouvernent son quartier. Elle attend la navette encore trop en avance, les doigts entremêlés à sa mallette et le regard droit. Elle n’aime pas les transports en commun, mais il faudrait investir dans un bicycle et Joan préfère râler intérieurement plutôt que de faire ce choix. Une fois la porte d'entrée de la navette devant son nez, elle gravit les quelques marches pour s'y enfermer. Elle évite les inconnus le regard mordant de jugement. Elle finit sur un siège le dos droit comme un piquet, les mains recroquevillées sur la mallette déposée sur son jupon et ses jambes croisées. Son trajet se termine par une dernière marche à pied jusqu'au temple : elle est enfin arrivée.

Lorsqu’elle entre dans le temple, la couleuvre est un peu pressée de retrouver la chaleur
solaire des prières. Joan accélère. Elle entremêle la mallette avec la porte l’entrée qui derrière elle se met à brutalement claquer. La honte gravit son échine, elle n’aime pas se faire remarquer et les lèvres pincées tente de se faire discrète mais son entrée n’a pas été celle escomptée puisqu’une femme plus mature lui exprime sa surprise dès son arrivée, au sol écroulée. Alors le reptile se précipite vers cette dernière, toute gênée.

- Oh ! Je suis navrée d’avoir rompue votre prière… Vous allez bien ? Vous n’êtes pas blessée ?

Le visage glacial commence à fondre dans les excuses, le visage penché devant le costume de son aînée. Si la couleuvre ne l’a jamais croisée, elle présume qu’elle doit porter sur ses larges épaules de lourdes responsabilités. Une œillade épouse les plis de ce dernier, la couturière tique sur le charmant costume maintenant un froissé, mais elle préfère laisser son travail à l'opéra déjà éreintée.

- Non. Je viens tout juste d’arriver.

La couleuvre n’est pas la seule à profiter des heures tardives de la journée pour venir se récréer dans l’antre de la foi. Sur cette île, Mélisandre et Sainte Haklyone sont les seules à pouvoir vraiment écouter toutes les variations de sa voix, à connaître l’ampleur de ses choix.

#rose + #temple_de_babel
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Ven 26 Mai - 20:27
ferventes affinitésFT. Joan
Son coeur peine à retrouver un rythme décent. Si elle écoutait ses pensées effrénées, elle prendrait la porte claquante et poursuivrait sa course folle, mais elle se fait violence. Elle n’a commis aucune faute, elle n’a pas trébuché ; la plupart des gens croient en l’Âme. Elle n’a pas besoin de laisser déborder le torrent de justifications qui envahit sa bouche.

C’est un maigre serpent qui l’a mise dans cet état. Rose en est mortifiée, pétrie de la honte d’avoir perdu ses moyens, la honte d’avoir miroité une faiblesse, la colère d’avoir consenti à son propre caprice. Malgré toutes ces émotions mêlées et querelleuses, elle doit rester impassible, cultiver un souffle apaisé, ne pas passer pour une dingue en prime.

« Je vais bien, merci beaucoup. Vous n’avez rien fait de mal. J’étais simplement trop absorbée. » Elle rit doucement, de ces mêmes notes graves. « Cela faisait longtemps que je n’étais pas venue, » ajoute-t-elle avec désinvolture, une défense qui franchit la barrière de ses lèvres, non, elle n’est pas une fidèle mais bien une citoyenne ordinaire, pas plus religieuse qu’une autre.

La vérité, c’est qu’elle aurait aimé se blottir dans cette pieuse tranquillité, un berceau emprunté pour quelques minutes égoïstes. Maintenant elle devrait prendre congé et attendre sagement la dernière navette, mais ses grands pieds chaussés de cuir ne semblent pas décoller du sol.

« J’espère que ma chute ne va pas perturber vos prières. Vous êtes une habituée de ce temple ? » demande-t-elle, une garantie pour éviter cet horaire la prochaine fois ; peut-être une visite nocturne, à l’heure tardive qu’elle est seule à admirer. Rose retarde l’inévitable, elle le sait, prolonge la conversation pour ne pas faire face à l’extérieur, pour habiter ce cocon le plus longtemps possible, caressant des yeux ses arches et ses autels.
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Mer 31 Mai - 12:16
ferventes affinités

La couleuvre dépose une œillade sur sa mallette et fronce les sourcils en y découvrant une légère marque. Elle n’aime pas quand ses affaires sont abîmées, quand elle témoigne de ce qu’elle considère imperfection : hausse un sourcil en se mouvant dans les eaux troubles d’une pincée de frustration, mais Joan fuit ses propres failles pour fixer le visage de l’inconnue. Carrure muselée dans une large musculature, elle pourrait être agent de sécurité que Joan ne serait pas étonnée, mais elle n’arrive pas à définir ce que cette inconnue fait de ses journées, reste stoïque mais rassurée.

- Tant mieux. C’est bien d’avoir trouvé le temps de vous recueillir et de prendre un moment pour accueillir votre foi.


Respect prononcé dans la froideur de ses mots, Joan apprécie croiser les âmes des autres fidèles, des simplement pieuses ou fortement religieuses. Alors elle commence à sonder l’âme de l’inconnue, joue les curieuses. Joan, elle voudrait savoir ce qui se cache derrière ses sursauts, derrière cette carrure caressée par une surprise presque peureuse. La couleuvre s'enfouit pour trouver une peau épaisse, presque dépourvue de poils : un pachyderme se cache derrière cette forme animale. Le petit serpent n’arrive pas à distinguer l’espèce en particulier, mais elle s’en satisfait.

- J’en fréquente plusieurs, mais il est le plus proche de mon lieu de travail. Et vous ?


Joan, elle ne dit pas exactement où elle met les pieds, mais d’Arc-en-Terre elle est l’habituée. Peut-être est ce parce qu’elle y a grandit, parce que sa mère encore y vit, peut-être parce qu’aux secrets elle est reliée et qu’elle s’y rend parfois pour les propager. Joan, est une fidèle chasseuse qui court après les non-dits, après les failles que l’on cherche à combler, après les ecchymoses planquées sous la peau : elle cherche à décrire le vide avec des mots.

- C’est dommage de ne pas vous rendre au temple souvent. Ces lieux sont si reposants pourtant.


Son visage est tendu à une statue, elle se fige dans sa propre mue.

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