Minuit. La lune était haut dans le ciel, et le silence régnait sur Lunapolis. Toutefois, pas sur l’ensemble de la ville. Quelques lieux de plaisir continuaient de faire tonner une musique enivrante, et de faire couler l’alcool à flot. L’un de ceux-ci était le club le plus tendance de la capitale, AnimaTion. Ici, la fête ne faisait que commencer, et l’un des principaux protagonistes de cette soirée se préparait à mettre le feu aux poudres.
Errilys était dans sa loge, en train de se maquiller et de s’échauffer. Le numéro qu’il projetait de présenter ce soir, il le connaissait bien. Nombreux étaient les habitués à l’avoir déjà vu, mais c’était devenu un classique, un incontournable des soirées à AnimaTion. Incontournable et difficile à voir, car il était impossible de savoir à l’avance quand le paradisier allait se produire. Prenant une grande inspiration, l’oiseau nocturne quitta loge pour se diriger vers la scène. Il était comme de coutume vêtue d’un simple boxer noir. Sa peau très claire mettait particulièrement en valeur les tatouages rouges qui striaient ses bras, ses jambes et son dos, ainsi que ses yeux tout aussi rouges.
En s’approchant de la scène, il fit signe au DJ de l’annoncer avant de s’étirer une dernière fois. Ce dernier prit alors le micro et fit une annonce :
- Attention mesdames et messieurs ! Celui que vous n’attendiez pas se présente à nous pour une prestation enflammée ! J’ai nommé Errilys !
Une demi-ovation parcourut l’assembler alors que le paradisier s’avançait sur la scène et saluait d’une révérence. Il en déduisit que l’essentiel de la clientèle ce soir n’était pas la clientèle habituée, comme attendu un vendredi soir. Le brouhaha de la foule s’éteignit en même temps que le DJ enchainait avec la musique du numéro.
Commença alors une prestation moderne, tourbillonnante. Tout était dans le mouvement, ce qui commençait petit devenait grand, Errilys emplissait tout l’espace de la scène à lui tout seul. La chose la plus impressionnante de cette prestation était la joie intense qui en exsudait. Le paradisier était visiblement extrêmement heureux de danser, souriait, et transmettait activement cette émotion à l’assistance. Les plus habitués et les plus décomplexés du public se mettaient également à danser, participant à l’euphorie générale. Chaque climax était ponctué par une explosion de couleurs. Le danseur jouait avec son plumage et ses teintes, faisant apparaitre chacune d’elles les unes après les autres en partant de son cœur. Pas un pas de danse n’était accompagné de son jeu de couleurs, sous les projecteurs blancs qui illuminaient le paradisier.
Le final de la prestation fut particulièrement frappant. Alors qu’il était en plein saut, Errilys commença à se transformer. Le moment choisi de la musique et le mouvement donnèrent l’impression qu’il finissait de se transformer en touchant le sol, pour redécoller de plus belle. L’oiseau de nuit s’envola au-dessus du publique, alors que le DJ laissait la musique s’achever en silence. Dans ce court moment de calme le danseur chanta et l’assistance pu comprendre ceci :
- Amusez-vous !
Errilys fit le tour de la salle sous une ovation bien plus bruyante qu’avant la prestation, puis se dirigea vers l’arrière de la scène. La musique reprenait derrière lui, alors que le DJ le remerciait et exhortait les noctambules à suivre le conseil du danseur. Le paradisier regagna sa loge. Il dégoulinait de sueur et était particulièrement essoufflé, mais heureux. La soirée n’était pas près de s’achever, cependant, et il prit donc le temps de s’étirer et de s’essuyer. Un petit quart d’heure s’écoula alors qu’il se rafraichissait et reprenait des forces. Ensuite, il reprit sa forme animale et se dirigea vers la salle.
Regagnant le dancefloor, Errilys s’envola jusqu’au bar. Il fut bien plus discret cette fois-ci, seulement repéré par quelques personnes, dont certaines qui le pointèrent du doigt. La majeure partie des clients étaient cependant bien trop absorbés par leurs activités pour remarquer l’arrivée de l’oiseau. Un cocktail attendait toujours ce dernier à l’angle du bar après ses prestation. C’était une habitude bien huilée. Comme il n’avait pas envie de parler à toutes les personnes qu’il croisait jusqu’au bar, Errilys y volait et le barman avait largement eu le temps de lui faire son cocktail préféré depuis la fin du numéro. Le cocktail en question était à base de Gin, de prune et de concombre, une petite merveille aux yeux du paradisier.
Le danseur atteint donc le bar sans être dérangé. Il s’y posa et admira un court instant son formidable cocktail, avant de prendre la paille dans le bec. Sans vraiment regarder le barman ou la clientèle, il commença à savourer la boisson, avant de s’intéresser aux personnes qui l’entouraient…
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Mer 3 Aoû - 23:52
Give me backmy things
C’est la première fois que Joris se rend dans ce genre d’endroit. D’ordinaire, il préfère aller dans un bar, ou prendre un verre chez des amis. Parfois, il danse dans une discothèque, mais jamais il n’a été du genre à apprécier les bars qui proposent des spectacles aussi étranges que celui qu’il vient de voir. Sous ses yeux, il a vu un homme, simplement vêtu d’un caleçon, se déhancher au rythme d’une mélodie entraînante. La musique était certes agréable, le show n’a pas du tout été à son goût. Il a presque eu l’impression d’être témoin d’une représentation indécente. Il pensait pourtant que la soirée pourrait être agréable. Après tout, c’est un bon ami à lui qui lui a proposé de le rejoindre dans cet endroit qu’il disait plaisant, et dans lequel Joris s’amuserait.
En fait, il devrait simplement prendre ses distances avec cet « ami » qui n’a pas l’air de le connaître si bien que ça. Voilà maintenant que le blond se retrouve seul, sous prétexte que son compagnon s’est absenté car il lui a semblé reconnaître un visage connu. Pile au moment où le danseur termine son show, survolant le bar. Joris prend le temps de noter le plumage de l’animal, notant la magnificence de ses plumes, sans pour autant qu’il ne les trouve aussi belles que les siennes. Il est davantage attiré par la couleur flamboyante de sa parure, appréciant s’imaginer en Phoenix. L’oiseau détourne un instant son regard de l’animal, cherchant son ami du regard. Et puis, il s’apprête à prendre le verre qu’il avait commandé quand il remarque que le danseur est assis à ses côtés et sirote la commande que Joris avait demandé pour lui. Pour qui est-ce qu’il se prend, au juste ?
- J’ose espérer que vous allez me payer un autre verre.
Il suppose en braquant son regard agacé sur le blond à ses côtés, trouvant le lieu de plus en plus déplaisant.
- Ça vous arrive souvent de boire dans le verre des autres ?
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Lun 22 Aoû - 21:01
- J’ose espérer que vous allez me payer un autre verre.
Alors qu’il sirotait tranquillement sa première gorgée, la phrase vient surprendre le volatile. Lâchant la paille du bec, il adresse un regard au barman. Le regard de ce dernier est très brièvement voilé de panique. Il n’est sans doute pas là depuis très longtemps, et guère au fait des habitudes du danseur.
- Je vous en refais un monsieur !
S’empresse-t-il de dire au client insatisfait. Roulant des yeux, Errilys saute du comptoir pour attraper quelques tissus derrière ce dernier, puis vole vers l’arrière-boutique. Avant que le barman n’ait le temps de refaire la commande, le danseur revient. Il est vêtu d’une simple chemise blanche et d’un pantalon, ainsi que de ses éternelles lentilles rouges. Il a sans doute mis plus de temps à les remettre qu’à enfiler le reste de sa tenue, mais n’en garde pas moins une apparence soignée.
Se rasseyant au bar, Errilys répond à la question du client alors qu’un second cocktail vient d’être déposé à côté du premier.
- Pour répondre à votre question, je n’ai pas du tout cette habitude en vérité. Le barman dépose toujours ce cocktail en bout de bar lorsque je finis ma prestation. Il s’agit donc d’une malheureuse coïncidence car le serveur du jour m’avait oublié. Mais vous avez bon goût.
Prenant une gorgée du précieux breuvage, Errilys prend le temps de détailler son interlocuteur ostensiblement avant d’enchainer à nouveau en tendant le cocktail qui vient d’être fini.
- Je tâcherais de vous offrir un verre tout de même, mais voici déjà le mien puisque j’ai pris le vôtre. Les présentations ont été un peu gâchées par cet imprévu. Errilys d’Anatèle, enchanté de faire votre connaissance, monsieur ?
Ce disant, le danseur tend sa main libre à l’intention de celui qu’il a spolié. La scène attire de nombreux regards. Les admirateurs et admiratrices s’agglutinent généralement de ce côté du bar lorsque la présentation prend fin pour admirer le plumage de la star du lieu. L’incident a coupé court à ce manège et le client avec qui discute le danseur ne ressemble pas vraiment à un fan, qui aurait laissé son verre au volatile sans hésiter. Les commérages vont donc bon train autour du duo atypique qui se retrouve observé, sans toutefois être épié.