Caractère
Je crois que les gens me qualifient souvent de stricte, ou difficile à lire. J’ai déjà entendu des étudiants de l’Académie m’appeler « le Robot », ou « la sans-expression. » J’imagine qu’ils n’ont pas tout à fait tort, mais en même temps, c’est ça, faire partie de la Milice... non ? Comme Maman l’a toujours dit, « Ça ne regarde personne ce que tu penses. Tout ce qui compte, c’est le travail bien fait. » Alors je fais le travail correctement. Parfois je me demande à quoi ça ressemblerait, de faire autre chose. De ne pas être la main armée de quelqu’un d’autre. Mais je repousse cette pensée dans le coin le plus éloigné de mon cerveau. Maman dirait « La famille a assez d’une déception. » Ah, Alysse. Toujours Alysse. Maman parle d’elle constamment. Elle l’utilise pour faire mon éloge, c’est vrai. Mais au fond, je crois qu’Alysse lui manque. Elles passaient leur temps à se disputer, mais elles ont le même tempérament. Moi, j’étais toujours différente. Toujours en dehors de leurs disputes. Trop sage, trop obéissante peut-être. Trop douée. Maman a fait de moi ce qu’elle voulait que je sois. Une statue sur un piédestal. Et je la rendrai fière… Je crois.

Détails physiques
70kg • 1m70 • Des yeux couleur ambre • Des cheveux très longs, toujours en natte, en service • Un corps musclé, mais svelte, comme Maman le voulait • Beaucoup de cicatrices, toutes le signe d’une erreur sur le terrain ou à l’entraînement

Jumelles... ?
Lorsque nous étions petites, Alysse et moi étions inséparables. On nous voyait souvent, main dans la main, nous baladant dans la rue derrière Maman. Je ne sais pas trop pourquoi elle et moi nous sommes séparées… Ou plutôt, je ne le comprends pas. Maman voulait nous donner un bel avenir, avec des garanties pour nous, elle, et toutes les futures générations de Seth après nous. Il est vrai qu’elle était très dure avec nous, exigeante. Peut-être plus avec ma sœur. Comment lui en vouloir d’être biaisée, quand l’homme qui l’a fait tant souffrir lui a donné tout son patrimoine génétique ? Cela dit… Elle aurait pu être plus tendre. Nous n’étions que des enfants. Alysse pensait que je ne m’en rendais pas compte, mais c’est faux. Je voyais bien que tous les compliments qu’elle me faisait n’étaient là que pour que ma sœur se sente moindre. Que ça la blessait. Mais comment demander à une enfant de 6 ans de ne pas être fière quand sa maman accroche son dessin au mur, même si cela peine sa sœur ?

  Pas de repos pour les braves
J’ai toujours pensé que si nous nous serrions les coudes, Alysse et moi pourrions nous en sortir. Devenir miliciennes ensemble, et gagner en indépendance tout en rendant Maman et la famille fiers. Mais Alysse avait décidé de se débrouiller en solitaire. Quelle tête de mule. Alors, moi aussi, j’ai décidé de me débrouiller en solitaire. Je connaissais ma clé de sortie par cœur, puisque Maman nous l’avait rabâché à longueurs de journées « Comme vous vous débrouillerez bien à l’Académie ! Surtout toi Lily, tu as de bonnes jambes, et une carrure idéale pour être milicienne » « Mais Maman, Alysse et moi- » je me souviens de ses yeux noirs de colère, m’interdisant de lui rappeler à quel point ma jumelle et moi nous ressemblions. Alors je baissais la tête, et écoutais la fin de son discours sur la grande milicienne que j’allais devenir. Ça ne me dérangeait pas, de ne pas avoir le choix. J’aidais déjà les autres tout le temps, et je voulais rendre ma famille fière. C’est vers 8 ans que Maman a commencé à prendre en main mon entraînement. Elle m’inscrivait à tous les cours de combat qu’elle trouvait (et il y en avait un certain nombre à Lunapolis), et s’assurait que je reste la première de ma classe à l’école. Les mois et les années passant, mes instructeurs s’inquiétaient de ma santé, ils trouvaient que Maman me surmenait. Je souriais et leur disais que j’allais bien, que j’étais contente de rendre Maman fière. Vers 11 ans, ils ont décidé que Maman en demandait décidément trop de moi, et certains ont commencé à me renvoyer à la maison au lieu de me faire cours. Ils renvoyaient ses chèques à Maman. Le glas était tombé, ils ne m’entraîneraient plus. Le seul qui a continué à me donner la leçon était le maître d’arme, qui était un ami de Maman. Pendant qu’il m’entraînait à manier les différentes armes que je pourrai être amenée à manier à l’Académie (et celles que je n’y verrais jamais « au cas où »), Maman et lui allaient souvent prendre un café sur le bord du terrain. Je les entendais parfois, entre deux instructions, parler de la vie à la maison. Cela tournait souvent autour des deux mêmes sujets : mon entraînement, et Alysse. Maman était devenue mon entraîneuse personnelle. Elle avait installé des poutres et tout un tas d’appareils dans la cour. Elle avait refusé à Alysse de lui acheter les feutres et le papier qu’elle voulait pour ses dessins, qui tapissaient les murs de sa chambre. « Pourquoi est-ce que tu as besoin de dessiner comme ça de toute façon. Ça ne te servira à rien, à l’Académie. Viens plutôt t’entraîner. » Mais elle ne le faisait jamais. Alors, Maman m’entraînait pour deux. Elle me faisait courir même une fois la nuit tombée, et peu importe le temps qu’il faisait. Elle me faisait faire des exercices d’équilibre, et me frappait les côtes avec un bâton lorsque je risquais de perdre l’équilibre. Je soulevais des poids, jusqu’à ma limite. Elle m’entraînait aussi au combat au corps à corps, sans me ménager malgré mon jeune âge. Je devais gérer ma transformation, et mes émotions, à la perfection, camouflant les moments où la pression devenait trop intense en par l'apparation d'un peu de pelage dans mes cheveux. Pas même Maman ne s'en rendait compte. A la fin de l’entraînement, à la nuit bien avancée, Maman me préparait un repas frugal. En guise de petit-déjeuner, elle me donnait une boisson protéinée et un fruit. J’étais souvent courbaturée, et une partie de mes cicatrices viennent de l’entraînement de Maman et du maître d’armes, qui me faisait travailler avec des élèves beaucoup plus expérimentés que moi.

Deux routes, deux vies
A 14 ans, Alysse et moi avons fait notre choix. Etant la plus vieille de peu, j’ai choisi la première. J’étais nerveuse devant tous ces yeux, mais Maman était là, je devais lui faire honneur. Je la regardais prononcer le discours en silence, avant de chuchoter, en même temps que je le disais à haute voix « La Maison de la Lune et du Sang ». Elle avait hoché la tête, et j’étais allée la rejoindre sous les applaudissements polis des membres de la famille. Puis était venu le tour d’Alysse. Personne n’était préparé pour la tempête qui avait suivi. Tout est arrivé très vite. J’ai entendu Alysse prononcer « La Maison du Chant et des Os », puis quelque chose craquer dans mon bras alors que Maman me faisait sortir du temple. « Et Alysse ? » « Elle trouvera bien un moyen de rentrer toute seule, puisqu’elle a décidé de renier sa famille. » Elle était rouge de colère. A partir de ce jour, je n’ai eu de cesse de plaider en sa faveur. De cacher ses escapades nocturnes. J’ai tenté de repousser la date de mon entrée à l’Académie, pour pouvoir la protéger. Mais rien à faire. J’étais prête, j’allais donc y aller, et pas question de me rater, il y avait assez d’une déception dans la famille. Maman le répétait assez souvent, qu’Alysse soit présente ou non. Alors il a fallu entrer à l’Académie, à l’internat. Lorsque je rentrais les weekends, Alysse était toujours couverte de bleus. Maman disait que c’était à force de sortir la nuit. Alysse refusait de m’en parler, traîtresse que j’étais. Alors je la laissais se débrouiller. Elle n’aurait pas voulu de mon aide. Aussi triste que j’aie pu être lorsqu’elle est partie, cela m’a enlevé un poids. Je n’avais plus à la voir souffrir, tous les jours. Lorsque j’ai eu terminé mes cours à l’Académie, sans réussite brillante, mais dans le haut du classement, j’ai tenté de retrouver sa trace. De veiller sur elle, de loin. Elle me tuerait si elle le savait, et mes supérieurs avec, mais je suis même parfois intervenue auprès de tatoueurs qui voulaient ruiner sa réputation, en usant de celle de la Milice.

La fierté de tous
En sortant de l’Académie, j’ai continué à m’entraîner durement. A rendre visite à ma mère, bien que j’aie pris mes quartiers définitifs à la Tour Gémeaux. J’apprécie mon métier. J’ai gravi les échelons quand mes supérieurs me le conseillaient. Ni plus, ni moins. Toujours moyenne, jamais exceptionnellement bonne ou mauvaise. C’est une vie solitaire, dédiée uniquement à la Milice et à Maman. Mais c’est la vie que j’ai choisie… peut-être un peu poussée.