Le marché aux fous porte bien son nom, et Hélias s'exaspère un peu. Petit déjà, Hélias en avait horreur. S'y rendre le matin avec la grand-mère Beaujardin avait toujours été une corvée à laquelle il essayait d'échapper tant bien que mal. Outre le bruit et le monde, c'était l'ennui et la monotonie du lieu qui le faisait soupirer chaque fois qu'il se levait pour se rendre à Lunapolis. Aujourd'hui, pourtant, c'était de son plein gré (si on pouvait dire ça ainsi, bien sûr) qu'il s'y rendait et bien sûr, comme une tradition immuable, un truc auquel même le grand Hélias de Beaujardin ne pouvait échapper, il avait pris son plus grand avec lui.
Hélias avait aussi horreur d'exposer les fières bouteilles du nom de Palatine au marché, aussi apprêté et noble était son stand. S'il devait être honnête, il avouerait qu'elles n'ont pas leur place ici ; pourtant, il devait aussi avouer qu'exposer les bouteilles ici avait attiré quelques nouveaux réguliers à la Cave à Vin, et que c'était toujours bienvenue. Évidemment, on gardait les meilleurs rouges pour la Cave et pour les clients importants, mais ça, les fous du marché n'avaient pas à le savoir. Ils devaient bien s'estimer heureux de pouvoir trouver du vin d'un tel gabarit dans un endroit aussi repoussant.
Une tape sur l'épaule du petit, un mot qu'il glisse à l'oreille pour lui indiquer de venir le chercher s'il a besoin, et Hélias s'éclipse un instant à la recherche de l'emplacement qu'il avait remarqué plus tôt, une clope qu'il glisse entre ses lèvres et le briquet qu'il fait tourner dans sa main, une fois, deux fois, trois fois ; il repère finalement Pinzani, s'arrête devant l'étalage de sachets de thé, l'air impressionné, et hoche la tête, une fois, deux fois, trois fois. Ça en fait, du foin. Lèvres qui s'étendent, sourire qui dévoile les dents, et Hélias désigne de sa main le jeune homme face à lui. Querelle vieille de plusieurs années, querelle sans queue ni tête, pourtant Hélias se plaît plutôt bien à entretenir les flammes d'une compétition familiale qui ne fait sens pour personne. C'est vraiment apaisant, ta merde ? Parce que vu la gueule que t'as, ça a pas l'air de bien fonctionner...
Beaujardin se penche, parcourt les noms qu'il voit sur les petites étiquettes, les prix qui les accompagnent, et coince sa langue entre ses dents. Ça va, le business ?
Albatros
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Dim 31 Juil - 23:05
Le navire glissant sur les gouffres amers
le bruit en horreur qui te secoue le coeur, la nausée qui te prend installé sous les yeux observateurs des clients qui n'ont cure de ce que tu penses. et tu voudrais t'échapper, rentrer chez toi, parcourir les champs que tu n'as jamais tant aimé que quand tu es ici. et la ville rime avec le présent, croiser certaines personnes que tu ne voudrais pas voir, une tête blonde qui ne te reconnaitrais peut-être pas, pas vraiment, sa progéniture qu'elle a préféré abandonner, celle qu'elle n'aime pas vraiment, pas la préférée, le vilain petit canard. et tu espères ne jamais les voir (plus jamais peut-être), la confrontation redoutée, apeuré. tout te donne envie de rentrer, prendre la fuite, ce serait bien plus simple, mais papa disait qu'il faut se vendre corps et âme, qu'il faut tout donner, alors tu te sacrifie comme toujours, tu donnes de toi et tu pries comme nonna le faisait, la croix dans l'esprit pour la repousser, pour lui faire peur, lunapolis complice.
beaujardin que tu vois au loin, beaujardin qui rime avec pépin, qui rime avec putain, qui rime avec catin. beaujardin qui rime avec venin. tu ne dis rien octave, silencieux, sans grand mépris pour l'homme qui regarde du bout de nez ce que tu peux bien produire ; c'est qu'il ne t'impressionne pas, beaujardin, comme ça, c'est que tu n'es pas ton père (tu l'espères), « c'est pour attirer les animaux, ça a l'air de fonctionner... » le foin qu'il peut mâchouiller comme une vache à lait, et il n'en est pas loin, beaujardin, de l'animal de reproduction, pour en faire un peu plus des marmots qui courent les rues, c'est que beaujardin rime avec catin. et tu ris au nez de celui qui se croit drôle, pour se donner de l'importance sûrement, pour attiser la flamme de quelque chose que tu avais oublié, « tu devrais essayer... quoi que, ça te tuerait peut-être... » comme s'il ne faisait rien, comme s'il était amorphe, comme si... et toi d'habitude qu'on entend pas, qui hoche la tête pour dire oui oui, papa t'a toujours dit les beaujardins, ça craint alors tu ne te tais pas, tu ne te laisses pas faire, « j'ai pas de remède miraculeux contre la stupidité, désolé. » soupiré, parce que tu n'avais pas envie de te battre, pas aujourd'hui, pas comme une bête de foire.
« je crois que ça te regarde pas vraiment, beaujardin. » sourire en coin. « mais peut-être que si tu prenais quelque chose, je pourrais te donner quelques infos. » une nuit calme peut-être ? « rien contre l'allure de plouc non plus, y a pas grand chose à faire pour toi... » t'en serais presque désolé si tu n'étais pas amusé. « assez pour que tu continues de me détester, apparemment, eh beaujardin ? » le business qui roule doucement (pour l'écraser).
#beaujardingalopin
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Jeu 4 Aoû - 2:03
You'll think, How'd I get here, sitting
next to you ?
Sur le cours de tennis, Pinzani, qui se fait d'ordinaire plutôt discret, du moins de ce qu'en a remarqué Hélias, renvoie la belle, et pas qu'un peu. La frappe est franche, quoiqu'elle exprime une lassitude qu'il ne cherche même pas à cacher. Elle effleur l'oreille d'Hélias, elle lui dit tu fais chier Beaujardin, casse toi Beaujardin, je suis pas d'humeur Beaujardin, mais il aurait rien voulu entendre d'autre, Hélias. La balle est renvoyée, dans le sourire ; s'il était pas d'humeur, Pinzani aux feuilles de thé, Pinzani à la barbe décidément mal rasée, Pinzani et le soleil sur sa peau, il aurait laissé la balle tomber. Ouais, je me disais bien. C'est bien aussi bas de gamme que je le pensais.
Hélias comme a dix ans, quand il écoutait son père déblatérer sur ce type qui aurait osé dire que le vin c'était pas aussi noble que ça, Hélias comme a quinze ans, lorsque les chuchotements couraient comme une souris entre les petits frères, les petites soeurs et lui, y a les Pinzani faut jeter des cailloux., comme les sauvages que les gamins Beaujardin ont toujours été, des animaux, c'est peut-être bien vrai, finalement, de Beaujardin, et pourtant y a jamais rien eu de noble. La cigarette quitte les lèvres un instant, le regard se perd sur les vracs de feuilles, l'odeur légère, mais un peu entêtante qui s'en dégage, les mélanges aux vertus prétendument magiques, quelle connerie. J'avouerai que j'ai un palais plutôt raffiné, ouais. Alors bon, des feuilles toute séchées... Tu veux que je m'étouffe, Pinpin ?
Hélias attrape un sachet, qu'il analyse sous tous les angles, l'air un peu perplexe, et se détourne pour pouvoir s'appuyer contre la table. Pinzani surenchérit, Pinzani veut gagner le set peut-être, Pinzani veut soulever la coupe peut-être, alors pourquoi prétendre être désintéressé ? T'as pas à t'excuser. J'en fréquente tous les jours, des gens bêtes, c'est pas ta faute si t'as pas réussi à trouver de quoi te soigner... Large sourire, les petits frères seraient fiers. Pourquoi pas. Je le donnerai à mon frère, si c'est si pourri que ça, ça peut aider, pour les terriers.
Hélias jette la cigarette au sol, l'écrase du bout de sa semelle et parcourt à nouveau l'étalage, le sourire moqueur et l'air satisfait - pourtant c'est bien toi qui va mettre des sous dans un sachet de thé, papa tombera des nues quand il saura, les petits frères vont te caillasser comme un Pinzani et les petites soeurs s'indigner. Et tout ça pour quoi ? Pour lui faire fermer son clapet, à Pinpin ? Ça a pas de sens. Mais non, je te déteste pas du tout, on est copains, non ? Le bras s'étire pour taper sur l'épaule en riant. Mets moi un esprit zen. Avec un nom pareil, y a intérêt que ça me fasse rencontrer Haklyone, carrément.
Albatros
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Jeu 4 Aoû - 23:03
Le navire glissant sur les gouffres amers
pinpin comme les lapins, pinpin qui tape du pied quand les dangers sont proches, pour signaler qu'il faut prendre la fuite, qu'il faut courir à toute vitesse. octave, que tu voudrais partir, maintenant, te cacher peut-être sous ta veste en jean, prendre la poudre d'escampette, disparu le pinzani et beaujardin n'aura plus rien pour frapper. « palais ravagé, ouais, j'crois que tu sais même pas parler, beaujardin »catin, mais tu soupires, parce que tu voudrais bien qu'il s'étouffe, « si toutes tes conneries peuvent rien, j'crois que t'es increvable, à ce stade, parce que tu te serais déjà étouffé depuis longtemps... » mais le chiendent, ça part jamais, tu as beau l'arraché et ça revient, la mauvaise herbe qui aime te coller aux basques, rompipalle comme dirait ton père.
le nez qui se fronce, « je me doute oui, qu'avec la marmaille que vous êtes, ça ne doit pas être facile tous les jours » ((de ne pas fréquenter la bêtise)), c'est que tu soupires, parce qu'il est bête aussi hélias, parce qu'il ne réfléchit - et toi non plus, petit guerre pour faire jolie, animation de ce marché trop calme, ça te fait rire de le voir là, hélias, à sortir ses grands airs et sa grande tête, seule occupation aujourd'hui intéresse, qui sort un peu de la monotonie ; habitude toujours surprenante parce qu'il trouve toujours quelque chose de nouveau à dire ((et peut-être que tu aimes l'attention)) et tu devrais le détester du plus profond de ton être, papa le disait, fort, et haut, 'fanculo beaujardin pour des stupidités, comme vous - vous étiez les stupidités.
copain qu'il dit, le geste qui te fait grimacer, ta main qui essaye de pousser la sienne, à faire semblant de te nettoyer l'épaule, à faire semblant que tu allais moisir s'il continuait de poser les doigts sur toi. « t'es vraiment débile, en fait, non ? » même pas envie de lui faire payer, le thé, c'est la chevelure ça, ça lui bouffe les neurones, « tout dans les boucles, rien dans le cerveau... » à te lever pour lui donner un sachet, main tendue pour lui demander un paiement, « donne des cigarettes » plutôt que l'argent ((moisi)) de la concurrence, qu'il n'ait pas si honte quand il se rendra compte de son ânerie. « tu veux pas aussi une nuit calme, ça évitera peut-être d'avoir d'autres beaujardins, j'crois qu'à vous seul vous allez peupler l'île, bientôt y'aura plus de place. » invasion prévue, grimace sur ton visage, nez un peu plissé. idiots.