haklyone
You do not have a soul. You are a soul, you have a body.
Alfie » Cafuné



 
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Alfie » Cafuné
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Jeu 28 Juil - 3:38
alors je brûle, tant qu'elle elle brille
ma Comète
La semaine n'avait rien eu d'agréable pour Dyomyre. Tout partait d'une discussion avec Jules qui n'aurait pas dû la vexer autant qu'elle l'était actuellement. Ça ne l'avait pas empêché, pourtant, de se gonfler d'orgueil et de faire ce qu'elle faisait de mieux dans ces cas-là : faire la tête, comme si elle avait encore quatorze ans.
Cette fois-ci, pourtant, contrairement aux fois où Dyomyre trouvait du réconfort dans ces moments d'isolement si rares, elle voyait bien plus l'extérieur que ses terriers ou sa chambre. Elle aurait préféré passer ses vacances avec Jules, voir Arc-en-Terre et Ithloreas, camper à la belle étoile et avoir la tête qui tourne, mais les étoiles en avaient décidé autrement, semble-t-il ; il fallait croire que Dyomyre n'avait pas toujours le contrôle sur tout.

Elle essayait, tant bien que mal, d'effacer de son esprit Jules, la trahison, les rêves qui éclatent comme les bulles de savon que la blonde aime souffler dans le jardin. Elle relativise, comme le dit si bien Venette, elle passe à autre chose, comme le répète Olivianne.
Elle essayait, mais ça ne l'empêchait pas d'avoir l'air chiffonnée.

Dès qu'elle se déplaçait à Lunapolis, Dyomyre prenait le temps de passer dans la boutique de disques qu'elle avait repéré un jour par hasard. Au départ, c'était parce que c'était un des rares endroits où elle trouvait les vieux vinyles rétro qu'elle aimait tant. Par la suite, c'était parce que la boutique était si bien située que s'installer sur la petite terrasse juste devant le magasin pour réviser ses cours était devenu une de ses petits routines préférées. Enfin, c'était parce qu'elle trouvait le disquaire vraiment mignon et Dyomyre, qui n'avait jamais rien connu d'autre des flirts et des pommettes roses que ce qu'elle avait eu avec Jules, se plaisait dans ce petit coup de cœur un peu innocemment ; rien qui ne puisse lui faire du mal ou qui ne la trahisse, rien qu'une admiration lointaine, un secret entre elle et son cœur, un truc qui fasse tourner la tête autrement.

Aujourd'hui, si elle venait, c'était plus par habitude que par réel envie. Parce qu'elle n'avait plus de cours à réviser, que le bouquin qu'elle lisait en ce moment se trouvait, par malchance, chez Jules, mais qu'elle détestait de s'assoir et de ne rien faire, elle avait ramené son tambour à broder.
Dyomyre espérait un peu de calme et solitude, pourtant elle savait qu'ici, c'était tout bonnement inaccessible.
Il y avait souvent une petite tête blonde, dans la boutique ; il ne fallait jamais plus de cinq minutes à la petite tête blonde pour venir s'installer face à Dyomyre, et elle n'avait jamais vraiment pourquoi la petite fille venait passer du temps avec elle. Elle venait toujours avec des feuilles, des cahiers de coloriage et ses crayons de couleur usés. D'ordinaire, même lorsqu'elle travaillait, Dyomyre se prêtait au jeu, coloriait une page du cahier avant de laisser la petite Gia faire l'autre, partageait une feuille avec elle pour y dessiner sa maison, le vignoble Palatine ou sa chambre et l'écoutait parler d'un tas de choses, des abeilles qu'elle trouve mignonne, de comment son papa aurait écrit toutes les musiques du magasin ou encore du monstre sous son lit, chassé par ce papa apparemment très polyvalent et à l'emploi du temps bien chargé, entre chasseur de monstre, disquaire et auteur-compositeur de toutes les musiques du monde.

Aujourd'hui, Dyomyre aurait bien aimé resté seule, mais elle n'en avait pas dit mot à la toute petite blonde assise face à elle, crayons en main, comme d'habitude, les lèvres agitées et les mots déliés, comme d'habitude, venue il y a un moment, malgré l'air renfrogné de Dyomyre.
De sa main gauche, Dyomyre joue avec son crochet, les yeux sur la petite fille, les oreilles qui écoutent à peine ce qu'elle dit. Pourtant elle acquiesce, répond vaguement à ce qu'elle lui dit. Je suis sûre qu'elles aimeront bien ton dessin, les abeilles... T'en connais beaucoup ?
Dehors j'entends la pluie polir les trottoirs, sur fond de mauvais jazz, de mauvais polar. On a trouvé dans l'art et la manière, ce qu'on a égaré d'instinct grégaire. Et moi je cherche ma majorette dans les flambeaux de sa montagne inerte, dans le ballet des allumettes, qui chantent et dansent à s'allumer la tête. Alors je brûle.
Cafuné
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Jeu 28 Juil - 4:59


she could change your life make you wanna get closer
she could take your life make you wish it was over

Il n'y a jamais le silence dans la boutique, il y a toujours le marteau des basses incessants, légers ou fracassants, ça fait toujours trembler le cœur d'Alfie d'entendre les musiques défilées -et parfois sans même qu'il ne s'en rende compte, de devoir écouter les sons des dessins animés préférés de Gia.
C'est à la mode les cd et les vinyles, les walkmans qu'on accroche à la ceinture et le casque sur les oreilles, alors Alfie il est bienheureux de voir les plus jeunes s'intéresser aux groupes des parents et des grands-parents, de voir les moins jeunes s'intéresser aux musiques des adolescents et les encore moins jeunes revivre une nouvelle jeunesse.

Alfie doit gérer les demandes et les parlottes, Gia derrière le comptoir bien installée sur le tabouret qui croquette ce qu'elle voit -les gens entre autre. Mais la tête blonde qui vient bien souvent attire les deux regards et sans même qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, les affaires sous le bras le furet court vers l'extérieur, se glisse entre les silhouettes puis s'installe à la table là où D(y)omyre est assise.
Les discussions sont toujours décousues, elles n'ont pas vraiment de sens et on se perd souvent entre les mots répétés et écorchés.
De là où il est, Alfie pince les lèvres et se remet à écouter la vieille histoire d'un sexagénaire, celle des grandes montagnes aux pics blancs, là où la neige ne fond jamais apparemment, là où les nuages ne font qu'un avec les monts.

Tu savais que les chats voient dans la nuit ? Ils ont les yeux ronds comme (des) ballons et ils marchent sur les murs. Comme des (a)raignées. Gia qui a le sourire large, installe lentement ses affaires face à D(y)omyre, la boîte de craies grasses d'un côté, les crayons de l'autre et le gros carnet qui commence à peser lourd au milieu.
Il y a dedans les souvenirs des étoiles qu'Alfie montre la nuit, les photos d'avant, celle de maman qu'elle ne voit plus, de mamie et d'Alfonse.

Le temps passe et Gia n'a pas serré les lèvres une seule fois, elle a déballé la journée un peu ennuyante dans le magasin, les sucettes au miel que les mamies viennent offrir et les filles qui minaudent devant papa.
De son côté Alfie lui, a travaillé les comptes et a rangé correctement les disques qui trainent, préparé le goûter parce qu'il lui semble que Gia ne tarderait à réclamer les douceurs de mamie.
Oui, elles aimeront c'est certain. la moue étonnée se redresse, les yeux ronds et la bouche qui s'ouvre en grand, la furette secoue vivement la tête. Non ! Mais j'a(i)merais bien un jour en voir pleins. Parfois il y en a sur les fleurs là. Elles viennent bu(t)piner le sucre. C'est papa qui me l'a dit.
Et Alfie qui se glisse derrière Gia lentement, il a deux verres entre les mains et il grimace un peu avant de rire, l'air étonné. Butiner, Gia. Tu vas bien Dyomyre ? et Gia un peu boudeuse, attrape le verre de jus d'orange pour en boire une grande gorgée, les crayons  glissent et elle les harponne avec fermeté, continue alors de colorer la page de bleu et de jaune.

Un peu décontenancé par la fermeture soudaine de son enfant, Alfie cligne des yeux avant de déposer le jus à D(y)omyre en souriant, s'installe à la table et souffle un peu, s'avachit et les paumes s'enlacent sur le ventre. T'as terminé alors ton stage ? Tu vas pouvoir enfin faire ce que tu veux ?
La blonde aux grands yeux bleus, il l'a remarqué depuis des semaines maintenant, elle qui vient souvent glisser les jaquettes des cd entre les doigts, curieuse du monde qui l'entoure c'est certain.
Everybody watch her she’s a revolver she’ll break through your armor
Don’t try to stop her never seen one like i wanna be like her,
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Ven 29 Juil - 4:48
alors je brûle, tant qu'elle elle brille
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Dyomyre s'était souvent fait la remarque que certains de ses petits frères s'entendraient sûrement bien avec Gia, qui avait tout l'air d'un condensé de ce qu'étaient ses trois plus petits frères, et elle trouvait ça aussi attendrissant qu'emmerdant. Chez les Beaujardin, au moins, Dyomyre pouvait s'éclipser, s'isoler, s'enterrer dans les terriers si les voix fluettes des petits lui montaient trop à la tête.

Ici, aucun refuge, aucune cachette. Gia la suivrait sûrement si elle venait à aller voir les CDs, et elle n'avait vraiment pas le cœur à complètement quitter l'endroit pour éviter les babillages de la toute petite. Elle était donc condamnée à l'écouter parler de tous les sujets possibles et imaginables - enfin, c'est ce que Dyomyre affirmait, puisque sa simple présence sur cette terrasse indiquait qu'elle n'était pas si dérangée par les sottises de l'enfant, les phrases embrouillées, les mots qu'elle brode au hasard comme une large couverture en patchwork. En réalité, si elle devait être un peu honnête, elle dirait que Gia est peut-être une des raisons qui fait que parfois, lorsque les jours sont un peu mornes, elle vient s'assoir sur la terrasse, pour avoir quelqu'un à écouter, loin des soucis des grands, loin des préoccupations de ceux qui n'ont plus l'occasion de laisser les pensées et les phrases vagabonder comme elles le veulent.
Et peut-être bien qu'aujourd'hui, contre toute attente, c'est pour cette raison qu'elle était venue.

Peut-être qu'elle pourrait bien lui coudre un plaid en patchwork, un truc qui lui ressemble, pour les nuits froides et mornes. Elle lui doit bien ça, même si la petite fille ne le saura jamais, même si Dyomyre elle-même trouve ça un peu louche.
L'oreille traîne toujours du côté de Gia, pour tenter de capter ses mots, elle pose son tambour sur la table et fouille dans son tote bag à la recherche de son carnet et d'un stylo. Elle y note, par mots-clés, ce qui détonne du reste, les mots que la petite fille semble aimer prononcer, les intérêts particuliers qui sautent aux yeux de la blonde, tout ce qu'elle pourra assembler pour en faire une couverture décousue mais jolie, elle l'espère. Ah ouais ? Eh ben, je savais pas du tout... Ça doit être chouette d'être un chat. Y a plein d'araignées qui traînent dans mon grenier, je leur demanderai si elles sont copines avec des chats.

Dyomyre hausse légèrement les sourcils, les lèvres qui se pincent, le stylo qui continue de courir sur sa page. Elle aurait beaucoup, beaucoup de mal à suivre le débit de paroles trop rapides de la petite si elle n'avait pas grandi chez les Beaujardin ; et quand bien même elle a l'habitude de ceux qui mâchent les mots et les enchaîne, certains mots lui échappent, et les phrases n'ont plus de sens, alors elle se contente d'acquiescer, de revenir sur une phrase qu'elle a bien entendu pour que la petite ne pense pas qu'elle ne l'écoute pas.

Du coin de l'œil, Dyomyre capte le mouvement dans la boutique, redresse légèrement son dos avachi et attend qu'Alfie entre dans son champ de vision pour lever les yeux et lui adresser un sourire poli.
Elle aurait bien aimé avoir Jules avec elle pour lui glisser une oeillade malicieuse, pour taper son pied contre sa cheville, l'air de rien ; elle aurait bien aimé pouvoir lui envoyer un message paniqué, un truc du genre je fais quoi, je dis quoi, j'ai l'air miteuse. Ouais, et toi ? Mensonge à mi mot, mais elle ne se voit vraiment pas déballer les peines de son âme. Aujourd'hui, on feindra la tranquillité du coeur. Les yeux se posent sur le verre de jus d'orange, les lèvres se pincent, comme toujours, le merci est léger, mais il est là, et Dyomyre maudit Jules un peu plus. C'est ça, j'attends juste mon diplôme maintenant... Je travaillerai pas avant les vendanges, ceci dit, j'imagine, alors j'ai l'été pour moi. Tu comptes partir en vacances ? Elle a déjà fini l'école, non ?
Dehors j'entends la pluie polir les trottoirs, sur fond de mauvais jazz, de mauvais polar. On a trouvé dans l'art et la manière, ce qu'on a égaré d'instinct grégaire. Et moi je cherche ma majorette dans les flambeaux de sa montagne inerte, dans le ballet des allumettes, qui chantent et dansent à s'allumer la tête. Alors je brûle.
Cafuné
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Ven 29 Juil - 7:13


she could change your life make you wanna get closer
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Alfie observe la scène attendrissante un instant, Gia dont les empreintes laissent des traces marbrées sur la table de chêne ciré, là où les plus pressés prennent toujours le temps de venir boire un verre et de dire un mot à Gia.
Alfie dont le sourire s'étire lorsqu'il s'attarde sur elle, il retient les envies de serrer la toute petite contre lui, d'arranger la tresse dont les mèches blondes s'échappent et où les perles commencent déjà à s'affaisser.
Sans trop hausser la voix, Gia soulève le menton et les jambes s'agitent, les pieds cognent l'un contre l'autre et elle fait rouler le dessin jusque Dyomyre, qu'à son tour elle colore les gros yeux du chat noir et jaune. Elles te répondront pas. Ils parlent (un) langage secret entre eux. Regarde ! C'est un chabeille. Il sera pou(r) toi ! Papa il va fa(i)re les pattes. et le regard insiste sur le paternel qui à son tour, insiste.
Pourtant il attrape un crayon noir en râlant un peu et s'approche de Dyomyre, penche la tête pour correctement voir les traits abrupts, là où les couleurs ne débordent guères, parce que Gia se débrouille bien pour son âge dans le coloriage. Ça roule comme toujours.

Pas comme toujours. Parce que parfois les ecchymoses font si mal qu'Alfie ne peut pas dormir, parce que parfois le foie démange tellement qu'il voudrait se l'arracher à mains nues.
Pourtant. Pourtant pour Gia, Alfie serait prêt à encaisser toutes les douleurs inimaginables, pour Gia, il laisserait le monde périr c'est certain.
Mais là tout de suite, le sujet de discussion se porte sur Dyomyre et ça lui convient. Les prunelles brunes remontent jusqu'aux azurées et il sourit. C'est cool. Tu vas travailler au Domaine alors ? Dommage que j'aime pas le vin, je t'en aurais acheté une bouteille.
Alfie rigole tout bas et passe à l'autre couleur, le jaune cette fois pour terminer les rayures puis il réfléchit un instant, regarde Gia qui ne cesse de gribouiller des choses sur les feuilles, les remplir jusqu'à que le blanc ne soit plus visible. Il faut dire qu'avec elle, tout devient vite rentable. Non et oui. J'ai pas les moyens pour le moment, l'école ça coûte chère et surtout elle me coûte aussi bonbon. On a prévu d'aller au bord de mer cependant. Je sais pas si elle a encore envie mais on verra.
Gia ne parle pas, trop concentrée à faire de jolies formes rondes puis carrées. Alors Alfie souffle du nez, boit dans le verre de l'enfant puis le repose à sa place, se lèche les babines avant de relever les yeux vers Dyomyre. Tu.. Veux venir avec nous ? Je sais pas quand on peut y aller mais, quand t'es disponible et un jour où je travaille pas. Si ça te chante. et Gia tape du poing, reprend le dessin avant même que les deux adultes l'aient terminer, gribouille dessus et termine là où les couleurs manquent. Oui oui oui. Si tu v(i)ens pas, les chabeilles seront totu tristes ! Faut veni(r). En plus j'ai des bouées pour les bras, c'est des abeilles.
Alfie pince les lèvres pour étouffer l'envie de rire, il repose le crayon et sort son portable, lit les messages qui défilent à une vitesse affriolante puis soulève le regard vers Dyomyre en l'attente d'une réponse.
Il n'a jamais vraiment eu l'occasion de pouvoir s'approcher d'elle comme ça, alors il préfère tenter du tac au tac.
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Lun 1 Aoû - 2:13
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Le stylo pivote entre les doigts nerveux de Dyomyre, la peau sèche des lèvres qu'on a pas hydraté aujourd'hui s'arrache sous la pression des dents qui mordent, s'enfoncent et feraient presque saigner.
Dyomyre remue les aigreurs, celles qui ne veulent pas fondre bien qu'elles baignent dans la bile, au creux de son estomac, celles qui empêchent les lèvres de s'étirer vraiment et les pensées de s'agiter quand bien même elle le voudrait, quand bien même elle aimerait bien, Dyomyre, avoir la tête qui tourne, sourire niaisement, annoter quelque part, dans sa tête, toutes les choses qu'elle dirait à ses soeurs, celles qu'elle garderait pour elle, bien rangées dans une boîte à musique.
Elle secoue la tête vaguement, par automatisme, sans même vraiment savoir pour elle le fait. Oui, mais j'ai grandi avec elles, je connais leur langue secrète. Je t'apprendrai si tu veux, c'est facile. Dyomyre n'a jamais eu de mal à mentir aux petits, à inventer des histoires farfelues et à les tenir, pour les garder enfant un peu plus longtemps, repousser le moment où Fernandin la dépassera d'une tête, peut-être, celui où Zébulon sera trop grand pour encore croire que les étoiles lui parlent le soir.
Elle aurait bien aimé, Dyomyre, rester enfant, lorsque les problèmes étaient moindres, qu'il n'y avait que les pieds dans l'eau, les cachettes entre les vignes et dans les tunnels, et Jules, Jules partout, Jules dans la tête, dans les veines, dans les battements qui pompent le sang, dans les pupilles qui se dilatent.

Dyomyre acquiesce, mais elle n'est plus vraiment si enthousiaste, maintenant, à l'idée de travailler au Domaine, parce qu'il avait probablement raison, Simion, que sa vie devrait être ailleurs, pas tristement rattaché aux Palatine, pas alors que les Beaujardin ne seront jamais assez bien pour eux, pas alors que les yeux se baisseront toujours avec une pointe de mépris,
Jules est bien un Palatine, finalement. Dyomyre est bien une Beaujardin, après tout. Pas assez bien, pas assez digne, pas assez jolie, pas assez présentable, pas assez tout. C'est le plan, ouais... C'est le plan, et c'est malheureux. Les Palatine ont pas besoin de plus d'argent, crois moi. Qu'ils aillent au diable, les Palatine. Dyomyre s'apaise un peu, maintenant qu'elle a laissé sa colère s'exprimer un instant, qu'elle peut retourner dormir, ne pas faire de vagues, se faire discrète.
Le sourire apparaît de nouveau, les sourcils se haussent et la blonde se penche un peu vers le disquaire. Mais sinon, je fais du jus de raisin pétillant, et il est exceptionnel. En mode limonade améliorée. Les gosses a-do-rent, j'en fais pour les anniversaires.

Le crayon noir entre les doigts de Dyomyre finit de colorer les yeux du chat.
Les méninges s'agitent, réfléchissent à quoi dire, à ce que lui conseillerait Venette, à ce que dirait Simion, à ce que dirait Jules. La lèvre inférieure passe entre les dents et y reste, les iris bleus se relèvent comme le dessin a été vivement repris par Gia ; nulle doute que ses frères et sœurs lui diraient de foncer, quand bien même Dyomyre se désolerait que ce ne soit pas un rendez-vous, un vrai, un truc qu'elle n'a encore jamais eu. La maison de mes grand-parents est à Ithloreas. C'est un peu une maison de vacances, maintenant, mais ma famille y va rarement... Si ça t'intéresse... Nulle doute que maman lui laisserait les clés de la vieille maison des Langlois si elle le lui demandait. C'est pas loin du tout de la mer... C'est un petit cottage... Y a une piscine, elle est pas très grande, mais c'est bien si Gia aime pas la mer mais qu'elle a quand même envie de se baigner... Dyomyre, dans sa lâcheté, n'ose pas dire que ce serait chouette, pour un week-end, peut-être. Pourtant, elle sent que si Venette était là, elle lui ferait les gros yeux, que si Jules était là il lui taperait dans la cheville, peut-être.
Dehors j'entends la pluie polir les trottoirs, sur fond de mauvais jazz, de mauvais polar. On a trouvé dans l'art et la manière, ce qu'on a égaré d'instinct grégaire. Et moi je cherche ma majorette dans les flambeaux de sa montagne inerte, dans le ballet des allumettes, qui chantent et dansent à s'allumer la tête. Alors je brûle.
Cafuné
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Jeu 4 Aoû - 4:31


she could change your life make you wanna get closer
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Le regard d'Alfie s'abrite dans les lucarnes céruléennes de Dyomyre, le visage poupon et les expressions pourtant ternes, le disquaire n'a pas vraiment l'impression que cette dernière soit des plus ravies. Il n'a pas vraiment envie de demander, de s'étaler sur les questions du pourquoi et du comment, parce que finalement, ça ne le regarde pas du tout.
Le feutre roule entre entre l'index et le majeur, s'arrête et reprend les pirouettes jusqu'à qu'il rende l'objet à Gia qui le réclame pour terminer les grosses lettres du prénom en bas de la feuille.
Alfie n'a pas connu depuis longtemps les déboires des chagrins, les pincements au cœur et la solitude exacerbée, il a tout oublié des rancœurs et des dommages que subit l'organe sous les membranes. Il devrait être content, depuis Gia c'est redevenu paisible et pourtant, parfois il aimerait sentir le poids des allusions dans la poitrine, l'ardeur et l'envie.
C'est peut-être pour ça qu'il rejoint la Fosse quelques samedis dans le mois. C'est peut-être pour ça qu'il a besoin des frappes par dessus l'arête du nez et des poings entre les côtes, pour sentir autre chose que l'accalmie certaine du quotidien.

Dyomyre à la voix qui s'étend, ça prête à rire Alfie qui étire les babines dans un sourire amusé, hausse les sourcils et hoche la tête, complètement d'accord à ce sujet. C'est pas faux. On devrait brûler les riches et récupérer leurs héritages.
Les bras s'élèvent afin de faire craquer les ligaments qui parcourent le dos, là où les omoplates s'embrassent jusqu'à se lâcher et il souffle tandis que Gia , l'air outré ouvre en grand la bouche et frappe la main de son paternel. On va po brûler des gens ! Après, ils vont venir et ils vont totu prendre mes doudous (a)beilles.
La gamine est sérieuse, sourcils froncés et mains arqués sur la table. Alors comme pour se dédouaner, Alfie fait les yeux ronds et fait sauter les épaules dans une valse courte et railleuse.
Alfie loin des types aisés et de ceux qui peuvent se permettre d'avoir des hectares par centaines, d'avoir des tas d'employés pour gérer les finances à sa place.
Alfie, il ne peut même pas se permettre d'espérer à mieux, parce que pour l'instant, il est loin du compte. Wow. Je note.

Les lèvres se pincent pour masquer le rire, Alfie dont la proposition semble pourtant raviver le vermillon des joues sur Dyomyre, elle parle un peu plus d'elle, de la maison des grands-parents et les sourcils d'Alfie tressaute un instant, les ridules entre ces derniers se froncent et il pense à la maison familiale, celle dont les souvenirs engorgent chaque partie de la maison, de la cave jusqu'à la salle de bain, des plafonniers et de l'argenterie des vieux mariages.
Alfie espère un jour pouvoir récupérer la maison, lorsqu'Ellen décidera qu'il est temps pour elle de partir.
Alors sans interrompre le fil de la conversation, Alfie embrasse les phalanges sur la table, dépose le regard sur Dyomyre et semble réfléchir lorsqu'il a les paupières qui se serrent jusqu'à se rouvrir complètement, tape doucement les poings contre le bois. Carrément. Gia n'est allée qu'à la piscine, donc ouai ça peut être cool la piscine si jamais le sable entre les pieds ne lui va pas.

Les reins s'obliquent sur la chaise, l'homme se lève et retourne dans la boutique pour quelques secondes, farfouille dans son sac pour en tirer son portable et son agenda, là où il note les livraisons et les commandes, les rendez-vous pour lui et Gia.
Le journal sur la table, il lui tend son téléphone, là où repose les contacts et un grand sourire aux lèvres, il tourne les pages, là où les stickers et les ratures affluent, là où la rondeur des lettres empiètent les unes sur les autres. Pour qu'on puisse directement se tenir au courant. J'peux fermer la boutique pour un week-end, pas celui-là j'ai des rendez-vous pour la demoiselle mais celui d'après ? Tu pourras nous faire ton jus de raisin. Et nous on fera des gâteaux à la myrtille. On est super doué.
L'air fier, Alfie tapote doucement la main de Gia  qui hoche la tête à son tour, le poitrail bombé et les sourcils qui chevauchent les paupières.
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Lun 8 Aoû - 8:41
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Les lèvres restent pincées, le regard se pose sur Gia, ses grands yeux surpris, la main qui vient frapper celle de son père, la voix qui monte dans les aigus pour témoigner de son mécontentement et de son inquiétude vis-à-vis des peluches, que les riches viendraient probablement voler pour se venger.
Dyomyre ne peut qu'acquiescer, être d'accord avec la petite, lui glisser qu'il faut bien les protéger, les doudous, parce que tout le monde les envie, c'est certain.

Venette serait contente, Simion se moquerait un peu, Jules lui dirait peut-être que c'était pas si compliqué, et Dyomyre ne peut s'empêcher de sourire, les mains qui se glissent entre les cuisses.
C'est tout de suite un peu moins amer, elle se sent un peu mieux, légèrement - parce que si Jules ne s'intéresse pas à elle, elle sait que tout n'est pas perdu, qu'il y a sûrement quelqu'un qui le fera à sa place, qu'elle passera à autre chose, c'est certain.
Pour autant, elle essaie de ne pas trop s'emballer, parce que ça ne lui a jamais réussi, visiblement. Le sourire reste contrôlé, Dyomyre joue avec son tambour pour occuper les mains et l'esprit, et elle écoute avec attention ce qu'Aflie a lui dire. Il s'éloigne, part récupérer quelque chose à l'intérieur, et elle en profite pour se pencher vers Gia. Ça te dit, à toi aussi ? On pourra aller chercher des coquillages, on en fera des colliers. Les yeux de la blonde s'agrandissent, les doigts tapotent la table, elle s'imagine déjà tresser les fils soleil qui tombent sur le visage de la petite.

Alfie revient, accompagné de son journal et de son téléphone, l'un devant Dyomyre, l'autre devant lui. Rien d'étonnant, pourtant Dyomyre regarde le téléphone un instant, les lèvres un peu plus étirées, et elle l'attrape pour pianoter dessus. Je t'enverrai l'adresse, du coup... Je serai déjà là-bas, je pense, pour nettoyer, tout ça... Je sais pas trop c'est quand la dernière fois que quelqu'un a mis les pieds là-bas. Elle fait glisser le téléphone vers Alfie, fait tomber ses affaires dans son tote bag et se redresse. J'ai hâte. Les sourcils se soulèvent un peu, elle envoie du bout des doigts un baiser vers la petite blonde au menton relevé, un signe à Alfie et repousse la chaise vers la table, le coeur un peu plus léger que lorsqu'elle s'était installée, une demi-heure plus tôt.
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Lun 8 Aoû - 9:17


she could change your life make you wanna get closer
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Un peu mièvre, un peu impatient, souvenir de l'adolescence fébrile et des coups dans les côtes lorsque les jolies filles passaient devant lui, lorsque les parfums martelaient le museau.
Alfie tord le papier froissé de l'agenda entre les doigts, écrit la date pour être certain de ne pas l'oublier tandis que Gia écrit un grand OUI sur le papier pour être certaine qu'Alfie n'entende pas la proposition de Dyomyre.
Elle semble déjà se languir de la journée au bord de mer, là où les coquillages traînent par milliers et où l'on peut s'en faire des bracelets et des colliers, des parures pour garnir les mèches de blé. Super alors. Je ramènerai de quoi faire des repas végétariens incroyables tu verras. Tu vas vouloir que je cuisine tous les jours.

Le rire qui suit l'allongement de la phrase, Dyomyre qui acquiesce et se lève, bouscule la chaise pour murmurer les rencontres à venir.
Gia tend le coloriage à la jeune femme avant qu'elle ne s'en aille, s'approche du paternel et propose les futures activités à faire, tape le journal pour qu'il les note toutes, du chat perché à la confection des bijoux, des châteaux de sable et des baignades dès l'aurore.
Alfie observe une dernière fois la jeune femme s'éloigner et à son tour se languit déjà de la fièvre de ses passions.
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