Devant le grand miroir de la salle de bain, Carmine a retiré son joli sourire. Il n’y a pas de prince charmant, qu’une âme sans artifice au charme savant. Un cadavre sans amour propre, qui regarde ses jolis pores nettoyés. C’est beau. Sur la peau, il y a ces cicatrices, celles qu’on voit, le trou béant : plus qu’un seul bras puis la crevasse collée au minois. Il y a celles qu’on ne voit pas sous les doutes volontairement arrachés, les jolis sourires, les mensonges de petits poissons atrophié, les hurlements d’une bataille que le temps n’a pas dérodé. Derrière les épines et les écailles hémoglobines, Carmine contemple la carcasse derrière le masque. C’est effrayant. La petite créature qui en veut au monde entier, la petite chose qui continue de se battre dans la fosse océanique pour lutter contre les doutes, la petite fille qui n’a fait que subir sans que la justice ne tranche la gorge. Sous la peau, il y a la culpabilité, les doutes, un égo, une fierté. Il y a l’orgueil, la reconnaissance à chercher dans l’or, parce que l’argent n’est plus suffisant. Les grandes photographies sur les publicité, ça ne suffit plus à remplacer le bras qu’on lui a arraché.
Carmine, elle se sent pauvre créature à se regarder de plus près, elle déteste se revoir petite poupée de porcelaine craquelée à jouer les espiègles créatures pour que son cœur continue de battre sans dérayer. C'est dangereux. Alors Carmine, elle préfère remettre son masque, ses couches de crèmes chères payées. Jolie skincare, joli sourire, si seulement son âme pouvait leur ressembler : faire tout pour plaire à l’assemblée. Les fêlures, les usures, qui pourraient bien les aimer ? Carmine, elle se contemple à vouloir être aimée, elle a des cœurs à voler. Elle remplacera ventricules et valves jusqu’à ce que ça ne suffise plus. Ça ne suffit jamais assez. Elle ne peut pas se ressaisir, elle reste affamée devant ses propres sourires fabriqué. Elle n’est que mannequin d’une coquille. Une coquille vide. Probablement qu’elle était jadis remplie, mais la personne qui vivait à l’intérieur de sa carcasse s’est enfuie, s’est oubliée, s’est perdue entre les blagues bien montées et les mensonges avisés, dans les vagues d’une invention. Pourtant, dans le miroir, il ne reste que l’enveloppe dont le message initial a été effacé, mais une écriture différente remplace les anciens caractères. Carmine, elle reste seule devant son reflet avec ce qu’il cache derrière, avec l’authenticité, avec cette manigance proprement préparée, avec le scalpel de ses propres pensées, avec les épines empoisonnées.