Cela aurait pu être l’homme de ta vie, mais déjà il t’amène dans un restaurant de poulet. Ce n’était peut-être pas un bon départ, mais tu te mords la lèvre et tu fais face le sourire aux lèvres. Ta voix mielleuse double les accompagnements et tu esquives la chair de tes cousins.

Tu veux bien être autre beaucoup de choses, mais tu n’es pas encore prête d’être cannibale.

Tu l’as rencontré dans une fête et sa (belle) montre t’a charmé. Un rendez-vous s’est vite imposé et l’alchimie (ou plutôt son statut social et ta peau caméléon) fonctionne bien. Mais en sirotant ton eau pétillante, les nuages s’invitent déjà à l’horizon. Tu aimes moyennement qu’il considère ton travail comme une perte de temps (ça, tu peux le supporter) et il semble être un acheteur compulsif (là, tu commences à te poser des questions.). Mais tu gardes la tête froide (il y a peut-être quelque chose à en tirer.).

Ce petit jeu continue encore quelques minutes, mais il y a un point de non-retour. Sur ces tournures de phrases, tu comprends deux choses blanches : qu’il est fauché et qu’il traîne dans des business un peu louche. Tu n’es pas naïve, tu commences à saisir l’individu. Mais quand il te demande si tu pouvais le dépanner pour son « nouveau plan ». A partir de là, tu perds toute ta douceur et ton sourire laisse place à un air glacial.

« Va te faire foutre. »

Tout se passe rapidement, la table qui vole, les insultes à profusions, tu finis par lui lancer le verre alors qu’il sort du restaurant. Ta cage thoracique se gonfle et tu soupires de soulagement. Tu as eu de la chance, il n’y a presque personne ce soir, mise à part le gérant qui a assisté à la scène. Tu n’as sincèrement pas envie de payer pour les dégâts, la table et les assiettes, ce n’est pas ta faute. Peut-être que tu peux la jouer fine (mais tu n’y crois pas trop.). Un sourire gêné, tu te rapproches du vieil homme.

« Je suis désolée pour tout ce raffut. »

Rire jaune, pour tester un peu ses réactions.

Ce n’est pas le bon, et tu n’as pas envie de payer les pots cassés.