Après avoir fini son dernier service, Lys avait profité de sa fin de journée pour se promener dans Lunapolis. Les doux rayons du soleil couchant le caressaient par cette douce lumière orange, presque éthérée, qui annonçait la fin de journée. Il y avait toujours quelque chose de féérique dans la grande rue des mondes en soirée. Comme si la ville se réveillait une seconde fois, profitant des dorures du soleil et d’un ciel bleu s’éteignant peu à peu, éveillant un sourire timide et sincère sur les façades neuves. Le temps était passé bien vite. Nonobstant un regard vide, la tête de Lys était emplie de pensées diverses dont la plupart ne concernaient que des projets de desserts. Quand soudain, ses yeux tombèrent sur un imprévu. Au même moment, la pluie se mit à tomber.
Lys était visiblement affolé. Ses iris métalliques cherchaient désespérément quelque chose et il sautait d’un pied sur l’autre. Dans ses bras, un gros carton trempé. Ses yeux finirent par tomber sur une femme singulière. Elle était bien apprêtée : sa démarche et les douces effluves qui se dégageaient d’elle attirèrent le regard du pâtissier. En trombe, il se précipita vers elle, ses cheveux, son trench coat fermé et de son écharpe à carreaux bien mouillés par la capricieuse météo. L’inconnue dégageait cette aura intimidante des prédateurs : parfait ! Pris de panique, le jeune homme était persuadé qu’elle pourrait l’aider. Il accélera le pas pour se mettre face à la femme, l’arrêtant dans sa marche pour la héler :
« Excusez-moi ! »
Le carton désormais plus visible, il était possible de remarquer qu’il n’était pas juste humide. Au milieu, dans un mouchoir propre de bonne facture, figurait tout enroulé un minuscule chaton. La pauvre bête ne devait même pas avoir quinze jours d’existence ; ses oreilles étaient recroquevillées. Peut-être était-elle capable d’ouvrir les yeux mais cela, il était impossible de le savoir : ils étaient fermés. Le félin n’était clairement pas un Anima. Toutefois, il était de toute évidence mal au point. Son pelage gris était abîmé par endroits et il tremblait de froid.
« Je ne sais pas quoi faire. Vous avez l’air d’être intelligente, vous savez ce qu’il faut faire pour l’aider, n’est-ce pas ? »
D’un geste maladroit, souhaitant pencher son contenant pour mieux le faire voir à l’inconnue, la pauvre créature glissa légèrement en gémissant. Lys laissa alors s’échapper un cri d’effroi tout juste étouffé et se figea sur place. Les yeux ronds comme des billes.
Invité
Faith A. Bartholomé
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Dim 27 Aoû - 15:09
lys ross
eyelids of opposite colors
Faith n’avait jusque-là jamais remis en cause ses diverses rencontres, quand bien même aucune de ses entrevues n’avaient réussi à la combler lorsqu’elle l’entendait – par moment quelques jours, quelques semaines car les mois n’étaient que trop rarement excédés. Il y avait toujours un souci, tous plus quelconques les uns des autres. On pourrait alors s’imaginer qu’un être censé prendrait sur lui, ferait face à son exigence qui ne seyait à personne. Mais Faith était bien persistante, recommençait simplement encore et encore jusqu’à s’imaginer pouvoir tomber sur la perle rare. Celle qui ne serait ni demandante et encore moins dépendante.
Alors comme bien souvent dans les rues de Lunapolis, apprêtée d’une de ses meilleures robes, camouflée par un manteau sophistiqué ainsi que de délicat talon haut – tout cela sublimé par un léger maquillage et d’un petit sac à main de haute couture. Elle se trouvait chanceuse d’avoir été prévoyante, quand bien même son parapluie n’était pas vraiment aux plies de sa tenue. Faith était malgré tout, comme bien souvent, sublime. C’est d’ailleurs pour cette unique raison qu’elle ne fut pas étonnée lorsqu’un homme l’aborda. Il n’était pas spécialement vilain, soigneusement vêtu. La doctoresse était cependant septique face à l’aura que renvoyait le rouquin et plus encore, perturbée par le carton suintant qu’il tenait dans ses bras.
« Oui ? »
Le sourire pourtant rayonnant, Faith était fidèle à elle-même et d’une humeur débordante. Toujours l’espoir battant de conclure d’une belle entrevue avec l’Anima qui l’attendait non loin. Elle glisse alors l’une de ses mèches tombantes derrière son oreille tout en observant l’inconnu de bas en haut. Et alors qu’elle fini par comprendre lorsque son regard remonte, Faith entrevoit l’intérieur du carton trempé – son sourire s’effrite peu à peu pour celle qui n’appréciait que trop peu les félins. Son instinct lui faisait savoir qu’il ne s’agissait pas d’un Anima mais bien d’un animal insignifiant.
« Ou l’avez-vous trouvé ? »
Son regard se durci, Faith ignorait si l’inconnu l’avait lui-même mit dans le carton, à défaut d’avoir trouvé une autre aide pour pouvoir le transporter ou si l’animal avait été abandonné. Un geste d’autant plus risible, car cela devait signifier que quelqu’un possédait une chatte pouvant mettre à bas.
Et alors, elle aurait préféré avoir pu se rendre à son rendez-vous sans avoir été interpellée.
« Est-ce que déjà vous pensez que c’est une bonne idée de le laisser au froid dans ce carton humide alors que la pluie battante refroidis l’atmosphère ? »
Faith était critique et légèrement tranchante, un soupir s’échappa de ses lèvres. Elle n’avait pas perdu son masque mais était plutôt abasourdie par la débilité de certain. Bien qu’en vérité, cela n’avait aucun lien avec une quelconque intelligence, mais il s’agissait plutôt de bon sens. Pourquoi donc courir après un tier alors que tout cela faisait sens.
« La majorité des félins qui ne sont pas sevrés ne savent pas réguler leur température alors enveloppez-le de quelque chose de sec pour le réchauffe. »
Désamorcé par l’extinction soudaine de la bonhomie de l’inconnue, tout autant que par sa question, Lys balbutia.
« E-Euh, eh bien… Vers des poubelles dans la rue d’à côté… »
Ses yeux ronds comme des billes, la seconde interrogation stupéfia de nouveau le pâtissier. À ce même instant, les lumières des lampadaires s’allumèrent, d’un vacillement léger tout d’abord pour finalement éclairer stablement les environs. Le rouquin ne pouvait que mieux voir les traits durcis de son interlocutrice. Il répondit à sa question par une autre :
« M-Mais je… je peux le toucher, ça ne risque rien ? Sa mère ne risque pas de l’abandonner, si elle sent mon odeur sur son chaton ? »
La femme avait suggéré de l’envelopper dans quelque chose de sec mais l’écureuil était bien trempé. Son écharpe n’était plus sèche, pas plus que son manteau et il n’était pas sûr que l’y mettre à l’intérieur soit une bonne idée ; question d’odeurs. Penaud, il sembla s’observer lui-même, tout en tenant le carton avec un air balaud, comme s’il cherchait désespérément quelconque tissu pouvant faire l’affaire alors qu’il savait pertinemment qu’il n’avait rien à moins de se déshabiller.
« Vous auriez quelque chose de sec ? » Il renchérit, la mine déconfite. « Vous êtes une prédatrice, non ? Aucune chance que vous soyez une féline ? Je ne sais pas comment m’y prendre avec un chat sauvage… Est-ce que je devrais le mettre au sec quelque part et le laisser seul ? Et si sa mère ne revient jamais le chercher ? »
